2) Tableau distinguant les éléments originaux du récit de l'exemplum 136

  Topoi des récits d'exorcisme Caractères originaux
1 Le texte raconte l'histoire d'une femme de grande famille tourmentée par un démon

Un abbé cistercien est appelé à l'aide, mais en sa présence, la femme refuse de le regarder, elle crie.

en 1173 à Lodi en Italie.
2 Sous la contrainte de l'abbé Ambroise, le démon avoue qu'il est entré en cette femme grâce à colère et tristesse.


Alors que son pied s'agite, la femme se tourne vers l'abbé et le salue, elle indique qu'elle a maudit sa servante qui elle-même l'a maudite en retour en demandant que son corps soit infesté de plusieurs centaines de démons. Le démon revient alors dans le corps et abandonne le pied.


L'abbé lui ordonne de se retirer pour qu'il laisse parler la femme, le démon se retire alors dans son pied.
3 La femme est conduite à l'église de saint Bassien pour que l'eucharistie lui soit donnée le lendemain. Le diable se moque de l'abbé, de l'évêque et le texte indique qu'un seul démon s'exprime malgré la présence d'un grand nombre d'entre eux. Puis une longue lamentation à plusieurs voix commence, les démons se plaignent à la perspective de recevoir l'eucharistie.



Elle est finalement conduite à l'église et reçoit la communion mais, adjurée par l'évêque par le nom de saint Bassien, elle rugit, éclate de rire, se moque du petit Bassien, de la Mariolle (la Vierge Marie). Elle est contrainte à baiser la châsse des reliques et reste prostrée.







Le lendemain, l'abbé envoie chercher la femme qui prétexte une faiblesse, la faim, la colique, pour ne pas se rendre à la messe.
4 Un clerc l'adjure, mais comme la femme révèle ses péchés, il va se confesser et revient sans que le démon le reconnaisse. Il continue à dénoncer tous les péchés non confessés des personnes présentes, face à une servante arrogante, il révèle qu'elle a blasphémé la croix en croisant ses doigts et en crachant dessus. Le mépris de la croix est condamné, même par un démon.  
5 La démoniaque est ensuite conduite à l'église de saint Pierre dans laquelle se trouve un autel contenant un morceau de bois d'où suinte une eau miraculeuse. Un clerc demande au démon d'où vient cette eau, il révèle : du paradis.  
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Le démon se tourne vers une personne qui aime la femme et lui indique qu'elle a un parent qui dirige une secte manichéenne à Milan. Le diable se retire et la femme avoue qu'elle a un cousin qui doit être converti à la foi catholique et elle désigne l'endroit, la maison, et le nom du cousin. Le diable revient alors en elle. L'auteur du texte compare alors ce va et vient du démon avec le cas d'un prêtre mondain qui avait une fille, quand il allait accomplir les sacrements, un chat sortait de sa bouche et quand il avait fini, le chat revenait. De même, la démoniaque connaît des moments où son démon se retire d'elle.
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dont le contact ou la brûlure guérit les démoniaques. Elle refuse de la toucher. Adjuré, le démon se moque de Jeannot (l'évêque qui l'adjure) mais avoue que les prières à son ami Jésus expulseront vingt-cinq démons ; les trois Innocents en expulseront trois, à la fin, il les expulsera tous. On adjure le diable de dire où sont les corps des saints Innocents, il montre un endroit que les recherches confirment.
La possédée est conduite devant la clé de saint Sylvestre






8 Le démon qui a pris la parole se lamente alors d'avoir perdu le paradis, affirme vouloir le retrouver et être prêt à manger des excréments, des pierres et embrasser les géhennes pour cela.  
9 Presque toute la ville assiste à ce spectacle, plus de sept mille hommes, le peuple murmure à cause du jeûne prescrit par l'évêque pour la libération de la femme. Alors le démon fait une véritable profession de foi au Christ qui compare longuement les souffrances qu'il a endurées avec la frilosité du peuple qui rechigne à jeûner. Il émeut le peuple aux larmes, le diable leur demande de ne pas prier pour la possédée mais pour eux-mêmes qui vivent dans le péché. Il évoque alors la crucifixion et exalte la croix en nommant tous les détails de la Passion. Cette longue louange du crucifié et de son humilité est parfois accompagnée











de regrets et de craintes par rapport aux représailles qu'il risque de subir de la part des autres démons.
10 Le narrateur indique qu'il est obligé d'interrompre son récit en raison du risque de lassitude du lecteur.  
11   Une autre démoniaque milanaise, noble, elle aussi, est amenée dans l'église. Son démon accuse celui de la démoniaque de Lodi. Il raille ses talents de prédicateur, la présence de toute la ville à son sermon, le compare à Judas, Caïphe, Saül, Phassur. Il jure par Pollux, Castor, Medius, Fidius, Beelzebub et "par toutes les vertus de notre Enfer"… Il demande pourquoi il a livré leurs frères et alliés manichéens et lui reproche que, par un tel sermon il a pu amener à se convertir d'autres hommes, juifs ou païens.
12 Après ce long récit, l'auteur du texte indique sa nécessité d'y mettre un terme et annonce la guérison de la femme.