Annexe 13. Possession et exorcisme dans la Légende dorée de Jacques de Voragine

Iacopo da Varazze, Legenda aurea, éd. G. Maggioni, Firenze, Sismel, Galluzzo, 1998.

Jacques de Voragine, La légende dorée, traduction dirigée par A. Boureau, Paris, Gallimard, 2004, les citations et renvois utilisent cette édition, les résumés sont en italique.

Saints Texte de la Légende dorée Commentaire
Sylvestre "Les prêtres des idoles vinrent trouver l'empereur et lui dirent : "Très saint empereur, depuis que vous avez reçu la foi du Christ, ce dragon qui vit dans cette fosse a tué de son souffle plus de trois cents hommes". Constantin consulta là-dessus Sylvestre, qui répondit : "Grâce à la force du Christ, je vais l'empêcher de nuire". Les prêtres promirent que, s'il y arrivait, ils croiraient. Sylvestre se mit alors en prière, et saint Pierre lui apparut et dit : "Descendez dans la fosse, toi et les deux prêtres qui sont avec toi, et quand vous rencontrerez le dragon, dis-lui : "Notre Seigneur Jésus-Christ, né d'une vierge, crucifié et enseveli, qui ressuscité et siège à la droite du Père, viendra ici juger les vivants et les morts. Toi Satan, attends-le donc en ce lieu!" Citation, p. 96-97.
Exorcisme d'un lieu en lien avec un exorcisme des idoles, les dieux païens, au moment de leur conversion au christianisme.
Sébastien "Dans le premier livre de ses Dialogues, Grégoire raconte qu'une femme qui venait de se marier en Toscane avait été conviée à la dédicace d'une église à saint Sébastien. La nuit précédant son départ, poussée par le plaisir de la chair, elle ne put s'abstenir de son époux. Le matin, elle se rendit là-bas, rougissant davantage du regard des hommes que de celui de Dieu. Dès qu'elle entra dans l'oratoire où se trouvaient les reliques de saint Sébastien, le diable s'empara d'elle et se mit à la tourmenter publiquement. Alors le prêtre de l'église arracha le linge de l'autel et l'en recouvrit, mais le diable entra aussitôt dans le prêtre. Ses amis la conduisirent alors chez des enchanteurs, pour qu'ils chassent le diable par leurs incantations. Mais dès qu'ils eurent commencé, par décision de Dieu, une légion de démons, au nombre de 6666, entrèrent en elle, et se mirent à la tourmenter encore plus fort". Citation, p. 138.
Grégoire le Grand, Dialogues, I, 10, 2-5.
Basile Un des serviteurs d'un certain Héradius est amoureux de sa fille destinée à être consacrée pour l'Eglise. En désespoir de cause, il fait un pacte avec le diable pour susciter son amour. L'alliance fonctionne car la femme réclame d'épouser le serviteur de son père. Mais devant la perspective d'un mariage à l'église, le serviteur se dévoile, avoue son pacte à saint Basile. Pendant quarante jours, l'homme est mis à l'isolement, hanté par les démons qui brandissent le pacte écrit, mais les encouragements du saint, le signe de croix sur le front du serviteur, les prières et le jeûne ont raison du diable qui laisse son contractant en paix. Résumé des p. 149-153.
Jean
l'aumonier
Un moine appelé Vitalius veut mettre saint Jean à l'épreuve. Il se rend chez les prostituées de la ville et passe la nuit à prier dans leur chambre, beaucoup d'entre elles se convertissent. Mais le moine fait scandale. Un matin, il croise un homme qui se rend chez l'une d'entre elles et il le gifle, l'homme devient possédé. Résumé des p. 156-158.
Julienne Julienne est fiancée à Euloge, le préfet de Nicomédie, il la poursuit et la met en prison. Le diable lui apparaît et lui demande de se convertir : "Entre autres aveux, il lui dit que les moments où il était le plus empêché d'approcher les chrétiens étaient ceux de la célébration du mystère du corps du Christ, des prières et des prédications". Elle le traîne sur la place publique et le jette aux latrines. Résumé et citation, p. 214-215.
Benoît Un moine ne parvient pas à prier, saint Benoît voit qu'un petit enfant noir le tire vers dehors au moment d'aller prier. Benoît le frappe avec son bâton et le moine peut rester à prier.
Un clerc, tourmenté par le diable est amené à Benoît, il chasse le diable de lui et lui recommande de ne pas manger de viande et de ne pas accéder à la cléricature. L'homme néglige la recommandation, accède aux ordres sacrés et devient possédé jusqu'à sa mort.
Résumé, p. 247-248

Résumé, p.250-251.
Grégoire le Grand, Dialogues, II, 16, 1-2, p. 184-186.
Ambroise Un grand nombre de possédés sont dans la ville de Milan, ils crient qu'ils sont tourmentés par saint Ambroise. Les ariens accusent Ambroise de payer des gens pour simuler ces troubles. Un arien est alors possédé et clame qu'Ambroise le torture, il est aussitôt tué par ses coreligionnaires.

"Un démoniaque est libéré du démon quand il entra dans la Milan, mais à nouveau possédé quand il en sortit. Le démon interrogé là-dessus, dit qu'il avait craint Ambroise".

"Quelqu'un qui était possédé par un démon se mit à clamer qu'il était torturé par Ambroise. Ce dernier lui dit : "Tais-toi, diable, car ce n'est pas Ambroise qui te torture, mais ton orgueil envieux : tu vois des hommes monter vers le lieu d'où tu as honteusement chuté. Ambroise, lui, ne sait pas s'enfler d'orgueil." Et aussitôt l'autre se tut".
"Un homme avait commis une ignominie et avait été amené devant Ambroise. Ce dernier lui dit : "Il faut qu'il soit livré à Satan pour la destruction de sa chair, afin qu'il n'ose plus commettre de tels actes." Au même moment, alors qu'Ambroise n'avait pas encore terminé son discours, un esprit immonde se mit à le déchirer".
Résumé, p. 303-304. Paulin de Milan, Vita di San Ambrogio XV-XVI, éd. M. Pellegrino, Rome, 1961.
Citation, p. 304. PM, XXI, épisode rajouté lors de la seconde rédaction de la vie.
Citation, p. 304. Cet épisode ne se trouve pas chez Paulin.

Citation, p. 305. Chez Paulin (PM XLIII), il s'agit d'un serviteur de Stilicon, ancien possédé, recueilli dans la basilique de Milan.
Pierre de Vérone (Pierre Martyr) "Le martyr délivra aussi des femmes possédées depuis longtemps par des démons, qu'il expulsa de leurs corps dans un grand flux de sang".
Une femme nommée Girolda est possédé pendant quatorze ans, elle vient au prêtre et lui déclare qu'elle est possédée. Le prêtre terrifié entre dans la sacristie, prend un livre contenant les formules d'exorcisme, dissimule une étole sous sa chape. Le diable l'interpelle et les formules n'ont aucun succès. La femme se tourne vers Pierre qui lui demande de patienter. Après la mort du saint, elle est délivrée.
Une femme nommée Euphémie de Canavese dans le diocèse de Milan est menée, après sept ans sur le tombeau de Pierre. Les diables crient : "Mariette, Mariette, Pierrot, Pierrot". Il sortent d'elle et la laissent pour morte. Peu de temps après, elle se relève guérie.
Une femme, Verbona de Bérengo est tourmentée pendant six ans, elle est conduite au tombeau de Pierre, parmi ceux qui la conduisent difficilement, se trouve un hérétique venu pour railler les miracles de Pierre. Pendant qu'il la tient les démons lui demandent pourquoi il fait cela car il est dans leur camp, il en est effrayé, la femme, laissée pour morte est guérie, l'homme se convertit.
Citation, p. 342-343,

Résumé, p. 347, Vita Pietri martyris,
Thomas Agni de Lentino, AASS avril III, XIV, 111.
Résumé, p. 347, Vita, XIV, 112.


Résumé, p. 347,Vita,
XIV, 111.
Pierre l'exorciste et Marcellin Le saint est détenu en prison par Arthémius dont la fille est possédée par le démon. L'homme dit au saint que s'il parvient à se libérer de ses chaînes qui sont alors doublées, et à guérir sa fille alors il croira en JC. Le miracle a lieu et lui et les siens sont baptisés par Marcellin. Résumé, p. 414-415.
Vit Enfant, il guérit le fils de Dioclétien qui est possédé en lui imposant les mains. Résumé, p. 424-425.
Gervais et Protais Un jeune homme lave un cheval dans une rivière, frappé de possession, il tombe dans l'eau. L'église qui est près du fleuve est dédiée à Gervais et Protais. Saisi par le chant des vêpres, il entre dans l'église dans un état d'agitation extrême, saisit l'autel. Des exorcismes sont dits sur lui. Le démon s'enfuit en lui arrachant un œil, il est guéri par les mérites des saints. Résumé, p. 431, Saint Augustin, la Cité de Dieu, XXII, 8.
Jean et Paul A la suite de leur martyr, "le fils de Térentien fut saisi par le démon et il se mit à crier dans toute la maison qu'il était brûlé par un démon : voyant cela, Térentien avoua son crime et se fit chrétien ; il écrivit le récit de la passion des saints et son fils fut délivré". Citation, p. 446.
Syr Un précepteur du fisc du nom de Gallus a une fille possédée. A la demande de son père, Syr chasse le démon. L'homme donne à Syr et à ses successeurs un domaine.


Une jeune possédée st menée dans diverses églises, le diable se moque de "petit Syr" (Syrulus), mais la prière est efficace contre lui.
Résumé, p. 489. La vie du saint ne se trouve que dans les versions lombardes de la Légende de la fin du XIIIe s.
Résumé, p. 493-494.
Pierre aux liens Les chaînes de saint Pierre ont été ramenées à Rome par Eudoxie fille de Théodose.
"Quelle était la puissance de cette chaîne, c'est ce que l'on vit en l'an du Seigneur 964. En effet le diable s'empara alors d'un comte proche de l'empereur Otton, aux yeux de tous, et avec tant de cruauté que le possédé se déchirait avec ses propres dents. Sur ordre de l'empereur, il fut alors conduit auprès du pape Jean pour que celui-ci lui passe autour du cou la chaîne de saint Pierre ; mais comme on avait mis une autre chaîne autour du cou du dément, il n'en ressentait aucun amélioration, ce qui n'a rien d'étonnant car il n'y avait en elle aucune vertu. On finit par produire la chaîne de Pierre et on la mit autour du cou du possédé ; et le diable, ne pouvant supporter un poids rempli d'une telle force, se mit aussitôt à pousser des cris en présence de toute l'assistance et s'en alla".
Citation, p. 573. Voir Sigebert de Gembloux, Chronique, p. 308.
Dominique A Bologne, le diable tourmente un frère convers. L'homme est mené à l'église, devant l'autel. Dominique dit : "Je t'adjure, misérable, de me dire pourquoi tu tourmentes une créature de Dieu, et pourquoi et comment tu es entré ici". Il répondit : "Je le tourmente pace qu'il l'a mérité ; il a bu en effet hier en ville, sans permission et sans avoir fait le signe de croix. C'est pourquoi je suis alors entré en lui sous la forme d'un moucheron, ou plutôt il m'a avalé en même temps que le vin". Or il s'avéra que l'homme avait réellement bu la veille. Sur ces entrefaites retentit le premier coup de matines et, quand il l'entendit, le diable qui parlait en lui dit : "Je ne peux pas rester ici plus longtemps car les encapuchonnés se lèvent". Et il fut ainsi forcé de sortir par la prière de saint Dominique.
"Une fois où on lui avait présenté un homme obsédé par de nombreux démons, il prit une étole qu'il passa d'abord autour de son propre cou et dont il ceignit ensuite le cou du démoniaque en ordonnant aux démons de ne plus maltraiter désormais cet homme. Ils commencèrent aussitôt à être tourmentés dans le corps de l'obsédé et crièrent avec force : "Laisse-nous sortir ! Pourquoi nous forces-tu à être torturés ici ? Et Dominique dit : "Je ne vous laisserai pas partir, à moins que vous ne me donniez des garants m'assurant que désormais vous ne reviendrez plus ici. – Quels garants pouvons-nous te donner ?" dirent-ils. Et le saint répondit : "Les saints martyrs dont les corps reposent dans cette église. – Nous ne le pouvons pas, dirent-ils, car nos démérites s'y opposent. – Vous devez les donner comme garants, rétorqua-t-il, faute de quoi je ne vous libérerai jamais de la torture que vous endurez". Ils répondirent alors qu'ils allaient s'y employer et peu après, ils dirent : "Voilà, nous avons obtenu, quoique nous ne le méritions pas, que les saints martyrs se portent garants de nous". Mais comme saint Dominique leur demandait un signe qui prouve cela, ils dirent : "Allez voir la châsse dans laquelle sont renfermées les têtes des martyrs, et vous la trouverez changée de sens". On se mit à sa recherche et on la trouva comme ils l'avaient dit".
Citation, p. 588-589. Gérard de Frachet, IV, 6.







Citation, p. 593.
Humbert de Romans 49, Constantin d'Orvieto 45, Vincent de Beauvais XXX, 77.
Donat Le préfet de la ville d'Arezzo a un fils démoniaque qui est délivré par une prière du saint.
Il exorcise la fille de Théodose, le démon lui demande de lui indiquer un passage pour sortir et un endroit où aller. Il lui dit de retourner au désert dans le lieu qui lui appartient et le diable s'enfuit en ébranlant la maison.
Résumé, p. 605.
Résumé, p. 606-607.
Cyriaque La fille de Dioclétien, Arthémie, est possédée, le diable demande à Cyriaque de lui donner un vase pour qu'il puisse quitter celui qu'il occupe. Cyriaque lui propose son corps mais le diable s'enfuit car il dit que ce vase est scellé, Arthémie guérie est baptisée. Résumé, p. 608.
Assomption de la Vierge Marie Une femme est importunée fréquemment par le diable. Elle utilise contre lui de l'eau bénite, une chose ou une autre sans qu'il ne cesse. Un saint homme lui conseille de dire "Sainte Marie, aide moi". Quand elle l'eut fait, le diable dit : "Qu'un mauvais diable entre dans la bouche de celui qui t'as enseigné cela". Résumé, p. 644-645.
Bernard A Pavie, un homme lui amène une femme possédée, le diable injurie le saint, "Ce mangeur de poireaux, cet avaleur de choux, ne me chassera point de ma petite vieille". Bernard l'envoya à l'église saint Syr qui voulut reconnaître les mérites de la guérison à Bernard. Le diable plaisante alors sur les deux saints. Bernard interroge le diable. Le diable est mis en fuite mais revient, alors Bernard accroche une pancarte au cou de la possédée.
Une femme d'Aquitaine est possédée depuis six ans, Bernard lui donne son bâton pour qu'elle le mette dans son lit. Aux menaces du diable de revenir, Bernard convoque la population, demande de tenir une chandelle à la main et il excommunie le démon.
Résumé, p. 666-667. Voir la Vita prima de Bernard de Clairvaux.

Résumé, p. 667.
Barthélemy "un jour un possédé s'écria : "Barthélemy, apôtre de Dieu, tes prières me brûlent !" L'apôtre lui dit : "Tais-toi et sors de ce corps !" Et il fut délivré".

Il guérit la fille folle du roi Polimius.
Citation, p. 673.

Résumé, p. 673.
Augustin "Il délivra bon nombre de possédés et fit beaucoup d'autres miracles".

"Dans le livre XXII de la Cité de Dieu, il attribue à un autre deux de ses miracles, il écrit : "Je connais une vierge d'Hippone qui s'enduisit d'une huile où elle avait mêlé les larmes d'un prêtre qui avait prié pour elle, et qui se trouva guérie du démon". Dans le même livre, il écrit encore : "Je connais un évêque qui a prié une seule fois pour un jeune homme qu'il n'avait jamais vu, et qui le délivra aussitôt du démon".
Citation, p. 693.
Citation, p. 694.
Gilles "Il y avait un possédé qui demeurait parmi les gens dans l'église et troublait les fidèles par ses cris ; Gilles le délivra du démon et le guérit". Citation, p. 719.
François Récit de l'exorcisme de la ville d'Arezzo par le frère Silvestre Résumé, p. 825.
Martin Hilaire de Poitiers l'ordonne exorciste.

Exorcisme d'une vache.
Résumé, p. 919. Voir Vita Martini, 5, 2, p. 263.
Résumé, p. 925, Sulpice Sévère Dialogues II, c. 3
Elisabeth (de Thuringe) † 1231 "Une jeune fille nommée Bénigne, du diocèse de Mayence, avait demandé à boire à sa servante, et celle-ci, prise de folie, lui tendit de quoi boire en disant : "Prends et bois le diable !" Il sembla alors à la jeune fille qu'un tison ardent descendait à travers sa gorge, et elle criait qu'elle avait mal au cou. Aussitôt son ventre se mit à enfler comme une outre, et elle eut l'impression que quelque chose courait dans son ventre à travers chacun de ses organes. Elle se livrait à des gesticulations grotesques et proférait des paroles folles, et on la croyait possédée par le démon. Elle resta deux ans dans cet état. On la conduisit donc au tombeau de sainte Elisabeth, on y fit un vœu pour elle, on la plaça sur la tombe, un peu de pain à manger et de l'eau bénite à boire, aussitôt, à la stupéfaction et à l'admiration de toute l'assistance, elle se leva guérie". Citation, p. 949.Miracula an; 1235 conscripta, XVII.