UNIVERSITÉ LOUIS-LUMIÈRE LYON 2
Ecole doctorale de Sciences Humaines et Sociales
Faculté de Géographie, d'Histoire, d'Histoire de l'Art et du Tourisme
Département histoire et civilisation des mondes modernes
Laboratoire de recherche historique Rhone-Alpes
ASSISTANCE ET SECOURS AUPRÈS DES ÉTRANGERS
Le Service Social d'Aide aux Émigrants (SSAE) 1920-1945
Thèse de doctorat en Histoire
Dirigée par Yves LEQUIN
Présentée et soutenue publiquement le 14 juin 2004
Devant un jury composé de :
Yves LEQUIN, Professeur émérite de l’ Université Lyon 2
Bruno DUMONS, Chargé de recherche au CNRS
Brigitte BOUQUET, Professeur au Conservatoire National Arts & Métiers
Olivier DARD, Professeur de l’Université de Metz
Catherine WIHTOL DE WENDEN, Directeur de recherche au CNRS

À Francine, au SSAE, à tous mes « disparus ».

À Charles-Henry qui, lui, est bien là et pour mon plus grand bonheur.

Remerciements

La confiance témoignée par le Professeur Yves LEQUIN tout au long des années qui m'ont été nécessaires pour achever cette recherche a été l'élément déterminant de ma persévérance. Qu'il trouve ici l’expression de toute ma gratitude pour sa patience et ses conseils si précieux.

Que soient aussi remerciés celles et ceux qui, par leurs compétences et leur accueil, m'ont guidée dans la forêt souvent touffue de la recherche ou ont encouragé mes efforts : Sabine ZEITOUN et toute l'équipe du service Documentation du CHRD à LYON ; les documentalistes du CEDIAS et du CDJC à PARIS ; Simone CRAPUCHET qui a relu et corrigé à la virgule près un grand nombre de feuillets ; les directeurs successifs du SSAE, François ROCHE et Anne-Marie NARBOT, qui m'ont laissé carte blanche pour fouiller les cartons et les armoires ; mes amis et ma famille qui ont accepté de continuer à fréquenter cet être bizarre et peu sociable que je suis parfois devenue ; les « 35 heures » qui, en me permettant de persévérer, ont sauvegardé chez moi « la valeur du travail et de la peine » que, paraît-il, elles contribuent à affaiblir chez d'autres !

Au moment de la conclusion de ce travail de recherche, par un cruel raccourci de l'Histoire, l'association qui en est le principal objet d'étude va disparaître. Je ne peux m'empêcher ici de rendre hommage et d'exprimer toute mon estime et ma reconnaissance à l'égard tant des grandes « dames » du passé qu’aux professionnels d'aujourd'hui. À chaque époque, le mot de « résistance » prend des visages nouveaux.

Merci enfin à celui à qui je dois tout : la passion de la recherche, le soutien dans les moments de doute, en un mot comme en cent, le bonheur. Il se reconnaîtra, il sait tout ce que ces mots veulent dire.

Bordeaux, Aigues-Mortes, Gramat, août 2003.

Résumé :

Au sortir de la Première Guerre mondiale, le coup d'arrêt donné à la politique américaine d'immigration a pour conséquence l'interruption involontaire des vagues migratoires traversant l'Europe. Un mouvement philanthropique américain se soucie des effets de cette politique et crée un vaste réseau de services sociaux chargés de porter secours aux familles et aux enfants qui, dans les villes et les ports, attendent souvent en vain le laissez-passer vers les États-Unis. C'est la création de l'International Migration Service qui, en France, deviendra en 1926 le Service Social d'Aide aux Émigrants (SSAE). Pendant les années trente, le SSAE va largement dépasser ces tâches d'assistance pour proposer aux pouvoirs publics la mise en place d'une politique sociale liée à la main-d'œuvre étrangère ainsi qu'au regroupement familial, à l'aide aux réfugiés et aux rapatriements de certains étrangers. L'arrivée de la guerre et de l'Occupation menacent l'existence du service. Il parvient néanmoins à conserver ses moyens d'action et voit ses attributions se développer en matière d'assistance sociale. Il intervient dans les camps d'internement et assure la gestion de fonds d'aide pour les réfugiés. Il travaille avec les autorités du Gouvernement de Vichy mais aussi avec toutes les œuvres de secours, israélites pour la plupart. L' intensification de la répression envers la population juive engage certaines professionnelles à dépasser le cadre du strict légalisme. Elles participent à des sauvetages d'enfants et assistent des familles vivant en clandestinité. Ainsi, entre légalisme et actions clandestines, le SSAE tente jusqu'à la fin de la guerre de concilier pragmatisme et humanisme.

Mots clés :

Antisémitisme, Camps d’internements, Centre Amelot, CICR, Croix-Rouge, Émigration, Temporaire, Étrangers, Féminisme, Immigration, Occupation (1940-45), OSE, Réfugiés, Régime de Vichy, Résistance civile, Secours National, Service social, Service Social des Étrangers, SSAE, UGIF.

Abstract :

At the end of the First World War, the stop given to the American immigration policy had as a consequence the involuntary interruption of the migratory waves through Europe. A philanthropic American movement is concerned with the effects of this policy, and creates a vast network of social services in charge of helping the families and the children who, in the cities and the harbors, are often waiting for a pass towards the United States vainly. It will produce the creation of the International Migration Service (IMS) that, in France, will become the Social Service of Assistance for the Emigrants (SSAE) in 1926. During the thirties, the SSAE will widely surpass these assistance’s purposes in proposing to the public authorities the organization of a social policy linked to the foreign workmanship as well as to family’s reuniting, to the help of refugees and to the bringing home of some foreigners. The advent of the war and German invasion threaten the Service’s existence. Nevertheless, it succeeds preserving its own means of action, and achieves the development of its functions regarding social assistance. It intervenes in the confining camps and manage the assistance funds for the refugees. It works along with the authorities of the Government of Vichy but also with all the relief works, Jewish mostly. The intensification of the persecutions against the Jewish population engages some social workers to surpass the framework of a strict legality. They participate in rescuing actions regarding children, and attend families living in clandestineness. Thus, between legality and clandestine actions, the SSAE tries, until the end war, to reconcile pragmatism and humanism.

Key words :

Antisemitism, Confining camps, Centre Amelot, CICR, Croix-Rouge, Emigration, Entraide Temporaire, Foreigners, Feminism, Immigration, Occupation (1940-45), OSE, Refugees, Government of Vichy, Civil resistance, Secours National, Social work, Service Social des Étrangers, SSAE, UGIF.

Epigraphe

« Seul mon travail de création a toujours été ma joie, et jamais ce que j'avais créé. Ainsi, je ne déplore pas la perte de ce que j'ai possédé un jour. Car si nous autres, traqués et persécutés, avions encore, en ces temps ennemis de tout art, à apprendre un art nouveau, c'était celui de savoir prendre congé de tout ce qui avait été un jour notre orgueil et notre amour. »
Stefan ZWEIG, Le Monde d'hier, 1941.