II – L' international migration service en france : l'exemple de marseille et de paris.

1. MARSEILLE, un pionnier hésitant.

‘« Marseille, ville refuge… (…) Dans les seules années 1920 vont arriver par centaines, sur un très bref espace de temps, des réfugiés en provenance d’Espagne, et surtout d’Italie, ce qui n’est pas nouveau.(…) À cette migration de proximité va s’ajouter la grande vague des migrations en provenance de la Méditerranée orientale, conséquence de la guerre civile en Russie et de l’éclatement de l’Empire ottoman. Russes blancs, Assyro-Chaldéens, Grecs, Arméniens surtout vont aborder à Marseille, sans avoir nécessairement en France de point d’ancrage, de lieu d’accueil, formant ainsi une masse considérable d’hommes et de femmes qu’il faudra bien nourrir et loger à leur arrivée, et dont une part non négligeable s’établira dans la ville phocéenne. » 40

Parmi cette foule qui se presse dans le port et ses quartiers avoisinants, où fleurissent quantité de meublés et d’hôtels « d’émigrants », se trouvent nombre de candidats potentiels à l’émigration vers les États-Unis, et d’autres qui ne savent plus guère ni où aller ni que faire. Tout comme au HAVRE et à CHERBOURG, autres ports submergés par les migrants, MARSEILLE ne pouvait manquer d’être le pôle incontournable de mouvements migratoires issus tant de pays proches que de pays plus éloignés en proie à des soubresauts politiques et à des persécutions entraînant des déplacements de population sans précédent 41 .

Le Comité du Service d’Aide aux Émigrantes se met en place en Février 1921. Ses statuts prévoient que le nombre de ses membres peut être porté à trente personnes. Ses objectifs sont déclinés de la façon suivante :

  • « protéger de toute manière les émigrantes de passage dans notre ville
  • étudier les causes des conditions mauvaises qui existent actuellement pour les voyages et les voyageuses
  • travailler à obtenir l’amélioration de ces conditions
  • ce comité désire établir et maintenir des relations de collaboration avec les autres comités des ports de France 42 et de Paris ainsi qu’avec les différentes organisations travaillant à la même œuvre dans les pays étrangers afin de pouvoir aider les émigrantes de façon plus complète et suivie
  • il est entendu que cette œuvre est interconfessionnelle et travaille dans un but purement humanitaire. » 43

Le comité ne compte alors que dix membres qui sont des femmes issues de l’aristocratie 44 et de la grande bourgeoisie. La plupart sont actives dans des œuvres et organisations féminines comme l’Entraide Féminine 45 ou Les Amies de la Jeune Fille. Trois d’entre elles font partie du Conseil National des Femmes Françaises (CNFF). Très rapidement, apparaissent des difficultés pour recruter suffisamment de personnes afin de constituer au grand complet le Comité marseillais et lui permettre de fonctionner suivant ses nouveaux statuts. Nommée Secrétaire déléguée à la fin de l’année 1921, Mademoiselle BOURSEILLER ne cesse, en sus de ces activités auprès des migrants, de rendre visite sur visite pour mobiliser et convaincre les dames de la bonne société de se consacrer à l’œuvre du Comité. La situation n’évolue que très lentement et, en 1923, dans une correspondance avec son homologue américaine, elle fait part des démarches harassantes qu’elle doit conduire pour recruter de nouveaux membres 46 .Le réseau est constitué de personnalités féminines « en vue », déjà « chargées d’œuvres » caritatives, catholiques essentiellement, souvent épouses d’hommes influents, politiques ou diplomates. La faiblesse des forces en présence oblige à supporter les rivalités et mesquineries qui ne manquent pas de se développer entre les rares participantes aux réunions du Comité. Cette difficulté à sortir d’un cercle trop fermé est à l’origine d’un certain décalage qui ne cessera de se creuser entre les principes de l’IMS et les conceptions des parties prenantes locales. En fait, celles-ci ne conçoivent le Comité que comme une œuvre de plus, certes originale par la population qu’elle touche mais devant être conduite sur le même mode que toutes celles auxquelles elles consacrent déjà beaucoup de leur temps de femmes aisées.

Ainsi, l’utilité d’avoir des statuts conformes aux exigences de l’organisation américaine est débattue et contestée par les membres qui comptent parmi les plus influentes 47 . L’inféodation – ou ce qui semble être vécu comme tel – à une organisation étrangère protestante de surcroît ne va pas non plus sans provoquer quelques réflexions grinçantes 48 . Est-il question, comme l’YWCA le suggère, de s’interroger sur un éventuel élargissement de l’aide à apporter aux familles que la proposition est aussitôt rejetée sans débat et avec pour seul argument que les autres œuvres, avec lesquelles le Comité a des liens, ne se préoccupent que de la protection et de l’entraide à apporter aux jeunes filles isolées 49 . Il est vrai que tous les textes préparatoires à l’élaboration des statuts et à la création même du Comité insistent particulièrement sur ce qui est considéré comme une priorité absolue. Ainsi, il est inscrit que le futur comité se doit de :

‘« …faciliter aux jeunes femmes, jeunes filles et enfants le passage à Marseille, (… de les) aider à remplir les formalités nécessaires pour être en règle, (…) les protéger contre le vol, essayer de les entourer d’une saine atmosphère morale, lorsqu’elle sont en mesure de partir, les aider dans leurs démarches, signaler leur départ afin que l’on vienne à leur rencontre à l’arrivée. » 50

Mais on ne peut ignorer que, très rapidement, les questions financières ont surgi à l’horizon au point, peut-être, de le limiter excessivement. La décision de l’YWCA de retirer son soutien financier et d’inciter les comités locaux à ne compter que sur les forces qu’ils seront en capacité de mobiliser paralyse les initiatives marseillaises. Il est déjà très difficile de trouver des fonds permettant d’ouvrir une bibliothèque pour les jeunes émigrantes en organisant thés dansants, causeries et tombolas. Mais la tâche paraît plus démesurée encore si c’est l’ensemble du service qui doit être pris en compte. Dès la fin de l’année 1922, le Comité souligne que la décision de l’YWCA de se retirer fin 1923 oblige à une réflexion immédiate sur les alternatives possibles. En l’état actuel de la situation, seules deux hypothèses semblent acceptables. La première évoquée paraît la plus utopique ou, du moins, la plus improbable : il s’agirait de développer des contacts « officiels » et d’être pris en charge financièrement par l’État. La seconde, apparemment plus raisonnable, recueille l'assentiment général car elle reste en accord avec et dans la logique des expériences connues par les intéressées : c’est de transformer le Service d’Aide aux Émigrantes en organisation locale « nettement confessionnelle » – cette option levant ce qui est alors ressenti comme une ambiguïté fondamentale, à savoir le caractère international, l’origine américaine et l’appartenance à un réseau d’interdépendance obligée 51

En septembre 1923, l’échéance fatidique approche et, visiblement, les choses ne se sont guère améliorées sur le plan budgétaire malgré des dispositions drastiques et des économies appliquées à tous les niveaux : locaux, salaires, etc. « Faudra-t-il se résigner à devenir une permanence rattachée à l’Entraide Féminine  ? » se demandent les membres du service, ce qui accentuerait l’enracinement local du Comité, ou bien opérer un rattachement au Conseil National des Femmes Françaises (CNFF) où il est question de créer une section de l’Émigration 52 ?

Jusqu’au désengagement final de l’YWCA 53 , cette question reste omniprésente. Les avis divergents des membres du Comité ne permettent pas de trancher entre enracinement local et maintien dans le réseau international. Cette hésitation semble, pour le moins, paralyser les initiatives de la Secrétaire déléguée. De plus, celle-ci doit faire face à une augmentation non négligeable de l’activité. L’application des mesures restrictives en matière d’émigration vers les États-Unis accentue, dans des proportions difficilement tenables, le travail à entreprendre auprès des émigrantes. La demande est telle que, même si la priorité reste la protection des jeunes filles et des femmes se trouvant en situation difficile dans le port marseillais, c’est à toutes sortes de sollicitations qu’il faut répondre. Très vite, la question des jeunes enfants et adolescents errant dans la ville devient incontournable. Et il sera bientôt difficile de rejeter les sollicitations provenant de familles entières en quête d’appui et de conseils pour sortir des impasses dans lesquelles les réglementations et la bureaucratie les acculent souvent.

Ainsi, l’étroitesse de vue des membres du Comité se trouve sans cesse battue en brèche par la réalité d’une situation qui ne cesse de s’aggraver et, surtout, de se transformer. Il faut tout d’abord trouver « sa » place. La faiblesse des moyens réduit les possibilités de se faire connaître auprès de l’ensemble des migrants susceptibles de faire appel au Service. Les assistantes ne cessent de se plaindre d’une concurrence qu’elles jugent déloyale et qu'elles imputent aux Compagnies maritimes employant leur propre personnel pour se charger des futures voyageuses 54 . La logique voudrait que, si les démarches nécessaires sont en définitive établies, le but d’assistance fût considéré comme accompli, quel que soit l’interlocuteur. Mais la confiance n’est pas à l’ordre du jour dans les relations entre les Compagnies et le Service d’Aide aux Émigrantes. Les critiques ne manquent pas, ainsi que les soupçons sur les intentions « profondes » des commissionnaires assimilés aux escrocs de tous ordres qui ne manquent pas eux aussi de guetter de futures « clientes » 55 . Néanmoins, de nombreuses tâches attendent les assistantes dans leur activité. Il s’agit, dans un premier temps, de rendre les candidates à l’émigration « aptes » à franchir les obstacles de plus en plus nombreux pour obtenir le visa nécessaire. Certains de ces obstacles peuvent aisément être levés. Ainsi, lorsqu’il s’agit de problèmes de santé en lien avec des déficiences alimentaires, la mise en œuvre de soins appropriés permet d’obtenir des résultats assez rapides. La détection d’un trachome ne constitue plus obligatoirement une barrière brutale et infranchissable pour qui veut émigrer. Des consultations et des soins sont organisés qui permettent de traiter aisément ces affections.

L’application du Literacy Act 56 ,qui exige un niveau d’instruction minimum, nécessite la mise en place de cours de rattrapage permettant aux futures migrantes de lever cette hypothèque. Soins et cours de rattrapage sont d’autant plus nécessaires que l’attente devient de plus en plus longue entre l’arrivée à MARSEILLE et la possibilité d’embarquer ou de rallier un autre port. L’application des quotas accentue le ralentissement des départs, ralentissement déjà sensible avec les mesures restrictives précédemment mises en œuvre. La « saison », c’est-à-dire la période d’ouverture des frontières qui renouvelle les chances d’être retenu pour le voyage transatlantique, ne débute que le 1er Juillet, date d’application de la première loi sur les quotas. Si, à cette date précise, les conditions ne sont pas remplies, c’est une année d’attente supplémentaire qu’il faudra subir. De plus, les quotas étant calculés par nationalités, certaines femmes n’ont pratiquement aucune chance de voir un jour leur demande d’émigration aboutir.

‘« Ce mois de Juillet attendu si impatiemment par les émigrants qui n’ont pu partir pendant la précédente année fiscale comble les vœux des uns et fait le désespoir des autres.(…) Nombreuses furent nos migrantes persanes qui n’eurent même pas l’occasion de tenter un départ, le renouvellement de leur visa leur ayant été refusé en raison du contingentement si minime ouvert à leur nationalité. » 57  ’

Il faut alors considérer que ce ne sont plus seulement les jeunes émigrantes qui vont avoir besoin de l’aide du Service. Peu à peu, l’attente se prolongeant, ce n’est plus aux préparatifs d'un voyage et d'un séjour de plus en plus incertains, voire illusoires, qu'il faut se consacrer. Ce temps doit se transformer en temps d’adaptation et d’installation à MARSEILLE. Voilà qui contribue à modifier passablement l’organisation et les buts poursuivis par le Comité. Il convient dorénavant de rechercher des solutions d’hébergement qui ne soient pas uniquement des solutions d’attente, avec tout ce que cela peut comporter d’insupportable mais que l’on supporte quand « cela ne doit pas durer ». C’est aussi la question des revenus qui devient lancinante. Comment vivre ou survivre alors que tout a été abandonné ou vendu sur place dans le pays d’origine, alors que démarches, retards et frais non prévus ont peu à peu épuisé les maigres économies ? Ce ne sont pas les secours et les dons des œuvres caritatives, ponctuels et aléatoires, qui peuvent constituer une solution viable pour un terme qui s’allonge. Il faut donc se mettre à la recherche d’employeurs pour placer comme bonnes ou garçons d’hôtellerie ou de restaurant, les « protégés » du Comité. Les cours de français ne sont plus uniquement dispensés pour armer les candidats en vue de l’épreuve d’instruction et d’alphabétisme imposée par les règles de l’émigration, mais bien plutôt pour faciliter la vie quotidienne qui tend à se sédentariser.

Le nombre d'enfants arrivant chaque semaine est en constante augmentation, certains bateaux les amenant par groupes de vingt à quarante, parfois jusqu'à une centaine. Le temps de retrouver leurs parents, il faut les héberger et les nourrir. Ce nouveau transit peut durer jusqu'à huit jours, le temps pour les assistantes du SIAE de rechercher leurs familles et de s'assurer qu'ils sont bien attendus quelque part et par quelqu'un. Les enfants sont majoritairement des Arméniens, et les recherches s'orientent vers les quartiers où cette population s'est massivement installée ou vers les camps, tel le camp ODDO 58 qui sert de lieu de première installation et de transit pour les familles arrivantes. Au début de l'année 1925, un article du Télégramme décrit ce camp :

‘« Depuis sa fondation, 5 à 6000 Arméniens sont passés par le camp pour se disperser ensuite à l'intérieur de la France. Nous 59 abritons actuellement 2700 personnes dont 700 enfants de 1 mois à 15 ans. Le camp a une école mixte qui compte 400 élèves (…) Pour ce qui est de l'organisation sanitaire, un médecin français est attaché spécialement au camp, possède une pharmacie et un petit hôpital de 20 lits 60  ».’

Tout au long des années vingt, les interventions auprès de la population arménienne vont en s'accroissant. En 1926, elles représentent 60 à 70% de l'activité. Outre l'action déployée en vue de regrouper les familles dispersées, il faut aider à la régularisation de papiers d'identité et à l'établissement de la nationalité ou de l'état civil. Les conditions de départ et de transit par d'autres pays font que les autorités françaises sont particulièrement sourcilleuses sur les questions d'identité et de statut.

Pour une bonne part de ceux qui cherchent à prendre un bateau pour partir en Amérique du Sud ou aux États-Unis, le voyage se poursuit. En 1925, il n'existe qu'une seule ligne partant de MARSEILLE pour les ports d'Amérique du Sud et une seule pour les États-Unis. De sorte que, pour trouver une place dans des délais plus acceptables, beaucoup d'émigrants repartent de MARSEILLE pour rejoindre CHERBOURG, en passant par PARIS. Ils sont, tout au long de leur voyage à l'intérieur du territoire français, « accompagnés » par le Service. Réceptionnés en gare parisienne où le bureau de PARIS organise un accueil, ils sont pris en charge à leur arrivée à CHERBOURG par l'assistante qui intervient dans le port.

Ainsi, à l'intérieur même du territoire national, le réseau se met à fonctionner et, dans ce partage du travail, les liens entre les différentes unités de l'IMS se tissent sans trop de difficulté. Il n'en est pas toujours de même entre les différentes directions et comités – et plus particulièrement entre PARIS et MARSEILLE.

Notes
40.

Émile TEMINE, Histoire de Marseille, Perrin, 1999, pp. 227-228.

41.

MARSEILLE, ville des migrations et des migrants, a fait l’objet de nombreuses études. Nous retiendrons particulièrement celle dirigée par Émile TEMINE, Migrance. Histoire des Migrations à Marseille, 4 volumes, Edisud, Aix-en-Provence,1989-1991.

42.

Il s’agit de CHERBOURG et du HAVRE.

43.

Archives SSAE, dossier Bureau de Marseille 1921-1926, courrier du 23/02/1921.

44.

La Comtesse PASTRÉ, par exemple, appartient une famille marseillaise dont la fortune, dans les années vingt, est essentiellement fondée sur la possession des apéritifs NOILLY-PRAT. Éprise de culture, la Comtesse est en permanence entourée d'intellectuels et d'artistes étrangers. Elle jouera un rôle important durant la période de l'Occupation en secourant et hébergeant musiciens et écrivains, israélites pour la plupart, qui émigreront vers les États-Unis.

45.

L'Entraide Féminine est créée en 1915. Œuvre fondée durant la guerre, elle se situe dans le droit-fil du « solidarisme » de Léon BOURGEOIS. Elle est transformée en 1919 en centre de formation et met en place une École féminine d'initiation civique et sociale de la femme. Dans la lignée du CNFF, l'Entraide milite, notamment, pour le droit de vote des femmes.

46.

Archives SSAE, dossier « bureau de Marseille, 1921-1926 », courrier du 5/06/1923.

47.

Archives SSAE, Dossier « bureau de Marseille, 1921-1926 », réunion du Comité du 6/11/1922.

48.

L’influence des États-Unis sur le développement de certaines méthodes dans le domaine sanitaire et social a été très forte durant la Première Guerre mondiale. Cette importation, qui s’étendait à l’organisation de services et à une exigence accrue de professionnalisation des personnels intervenant dans ces domaines, s’est appuyée sur des investissements financiers très importants. Cet apport suscita l’enthousiasme et l'engouement sans bornes de certains, mais provoqua aussi quelques froissements et raideurs chez d’autres. Pour illustrer l’ampleur par cette invasion douce, on peut se référer entre autres à l’ouvrage de Évelyne DIEBOLT et Jean Pierre LAURANT, Anne Morgan, une Américaine en Soissonais (1917-1952). De l’Aisne dévastée à l’action sociale, AMSAM, Soissons, 1990.

49.

Archives SSAE, Dossier «bureau de Marseille, 1921-1926», réunion du Comité du 10/12/1922.

50.

Archives SSAE, rapport sur le Service d’Émigration de l’YWCA de Marseille (non daté).

51.

Archives SSAE, dossier «bureau de Marseille, 1921-1926», réunion du Comité du 10/12/1922.

52.

Archives SSAE, réunion du Comité du 3/09/1923. L’intérêt du rattachement au CNFF est lié au fait que cette organisation a voix consultative à la SDN.

53.

Il interviendra à la fin de l’année 1924, soit un an après la date initialement avancée, mais la branche américaine continuera encore jusque dans les années trente à soutenir financièrement le bureau marseillais.

54.

« De plus, chaque compagnie confie aux pisteurs et hôteliers un certain nombre de passagers parmi les cas dits “engagés” c’est-à-dire les voyageurs qui ont un billet direct d’Orient pour l’Amérique. Or, en raison de la négligence et de l’incompréhension de tant d’émigrantes, l’hôtelier ou pisteur devient en une certaine part responsable de ces passagers, prend dès l’arrivée le passeport et le billet de ces voyageuses, s’occupe de ses bagages et commence toutes les démarches qui lui incombent : conduite des émigrantes aux compagnies pour vérification des billets, examen médical des yeux, aux cliniques pour traitement des trachomateux et enfin vaccination (…) En tout ceci il n’accepte pas notre intervention effective.» Archives SSAE, rapport mensuel d’Août 1922.

55.

« Notre appui est d’autant plus indispensable que (…) des bandes de levantins commissionnaires-traducteurs, peu scrupuleux, cherchent à profiter de l’ignorance des émigrantes… Malgré l’aide à donner dans tous les cas individuels, le but n’en reste pas moins de provoquer la préparation d’une législation internationale qui supprimerait d’un coup l’exploitation honteuse à laquelle sont soumises les émigrantes.», Archives SSAE, rapport sur la présentation des motifs qui ont conduit à la mise en place des services d’aide aux émigrantes, Décembre 1922 (c’est nous qui soulignons).

56.

Inclus dans l'Immigration Act voté en 1917.

57.

Archives SSAE, rapport mensuel Juillet 1922.

58.

Plusieurs camps d'accueil d'urgence existent à MARSEILLE ; les plus importants se situent sur le boulevard Oddo et vers la gare Saint-Charles.

59.

C'est le responsable du camp, interrogé par le journaliste, qui s'exprime.

60.

Le Télégramme, article du 9 février 1925.