2. PARIS : une hégémonie naissante.

C’est le 18 Décembre 1924 que le Comité de Paris, installé dans de nouveaux locaux rue de l’Élysée, tient sa première réunion en tant que Service International d’Aide aux Émigrants (SIAE). Les mois précédents avaient vu se dérouler une activité intense. Rendez-vous et réceptions diverses s'étaient succédés afin de pourvoir au recrutement des membres du Comité parisien. Cette première séance a lieu en présence de Ruth LARNED, la Directrice générale de l’IMS, de Madame PRIOUX Présidente et de Mesdames Max LAZARD et Elie CHEVALLEY vice-présidentes. Le Comité comprend sept autres membres 61 dont cinq sont absents ou excusés. Le débat s’engage immédiatement sur deux points qui se révéleront particulièrement cruciaux pour la suite. Il s’agit, d’une part, de définir le statut du Comité – notamment par rapport aux autres comités existants – et, d’autre part, de chercher les relations et de définir les démarches à entreprendre pour financer les actions que le SIAE entend développer.

Pour ce qui est du statut, il apparaît d’emblée que les membres parisiens misent sur une suprématie de leur comité vis-à-vis des comités des ports. Ils envisagent, comme une hypothèse sérieuse, une sorte de tutelle qui s’exercerait sur « leur travail et leurs décisions ».Ruth LARNED calme l’ardeur de ces dames en précisant que, pour l’instant, PARIS peut jouer un rôle de centralisateur pour tout ce qui se passe dans les différents comités, mais uniquement en vue d’informer l’IMS des actions menées en France. En fait, les évènements donneront raison à l’appétit centralisateur du SIAE. L’application de la loi sur les quotas d’immigration aux États-Unis a un impact important sur les comités des ports. Créés au début des années vingt dans les ports de CHERBOURG, du HAVRE et de MARSEILLE, ces pionniers de l’IMS subissent les conséquences du ralentissement des mouvements migratoires et voient diminuer dans de fortes proportions le nombre des candidats à l’émigration. En 1924, l’obligation d’obtenir un visa pour les États-Unis dans le pays d’origine ou de transit accentuera encore la brusque décroissance du nombre d’émigrants. C'est ainsi qu'au cours des années 1925 et 1926, les deux bureaux du HAVRE et de CHERBOURG cesseront leurs activités 62 .

Le bureau parisien, déclaré comme association le 29 Mai 1926, conserve le titre de « Service International d’Aide aux Émigrants ». La France compte donc à cette date deux services : MARSEILLE et PARIS. Les difficultés persistantes du comité marseillais pour trouver une réelle marge d’autonomie dans ses financements et pour se conformer aux exigences statutaires de l’IMS amènent inévitablement le bureau parisien à exercer un contrôle au nom du principe « de responsabilité de tout le service en France » qu’il estime lui incomber. Dans le même temps, les relations très proches des membres du comité avec la branche américaine (qui continuera d’exercer un réel leadership sur l'ensemble du réseau jusqu’au milieu des années trente) et avec le siège de l’IMS à Genève confortent cette attitude tutélaire qui semble « aller de soi ». Lorsque, en 1928, le comité marseillais se constitue en association loi 1901, une modification des statuts est votée par le comité de PARIS. L’article X stipule qu’une section auxiliaire (du SIAE) existe à MARSEILLE 63 .

Tout comme son homologue marseillais, le bureau parisien se trouve très vite confronté à la délicate question de son financement. Néanmoins, les choses semblent être prises en main de manière, sinon plus énergique, peut-être plus clairvoyante. Il apparaît très vite aux membres du comité que « le public français mal informé des questions d’émigration » 64 n’est guère susceptible de s’intéresser aux actions menées par le SIAE. Celui-ci décide donc de se tourner pour le moment vers des « personnalités » (qu'elles soient grecques, polonaises, arméniennes ou américaines du Nord et du Sud), c’est-à-dire vers des ressortissants étrangers sûrement plus sensibles au sort de leurs compatriotes moins fortunés qui constituent l’essentiel de la « clientèle » du SIAE.

On reste donc dans une conception assez proche de celle mise en œuvre à MARSEILLE, et dans laquelle sont privilégiées les sollicitations dans un cadre qui reste mondain et caritatif. À ces soutiens s’ajoute l’organisation de manifestations tout aussi mondaines : concerts, thés dansants et défilés de mannequins. Malheureusement, les recettes récoltées sont régulièrement en deçà des sommes attendues. La contribution directe des membres du Comité et les dons de quelques personnalités ne peuvent suffire à combler un budget qui reste désespérément précaire. Quelques démarches sont assez rapidement entreprises auprès d’industriels. En effet, depuis plusieurs années, la France fait venir en masse des travailleurs étrangers et, parmi eux, des Polonais qui sollicitent massivement le SIAE. Dès la fin de l’année 1925, les membres du Comité voient dans cette situation la possibilité de trouver de nouveaux soutiens et, par là même, de mobiliser plus facilement des personnalités et des services 65 .

Si l’on examine le relevé des dons effectués du printemps 1925 au premier semestre 1926, force est de constater que la part des interventions directes de la grande industrie n’est pas, loin s’en faut, majoritaire. Les dons individuels et les contributions des membres des comités arrivent largement en tête, tant en nombre qu’en montant 66 . Mais les démarches et les sollicitations vont en s’intensifiant et en se diversifiant.

En 1927, ce sont les Mines du Nord, Peugeot et Électricité de Paris qui sont sollicités. Le comité décide de cibler « les patrons sociaux » 67 . En 1929, une « tournée » est organisée par le Comité. Elle doit permettre de contacter divers employeurs, tant dans les régions de l’Est de la France que dans le Nord. Des visites sont aussi prévues à MARSEILLE et à LYON 68 . Bien que très ciblées, ces tentatives ne sont pas susceptibles de constituer une solution adaptée et permanente au financement de l’Association. De plus, la crise économique intervenant, le monde industriel est en proie à des difficultés et réoriente ses priorités.

Il faut donc convaincre et argumenter sur l’utilité du Service dont « l’unique but  » est de mettre «  l’humain » au cœur de toutes les expériences et de tous les événements, sans exclusive. Au-delà du travailleur, il faut voir l’époux et le père qui se sont arrachés à leur pays et à leur famille mais n’en continuent pas moins à devoir se préoccuper des leurs. L’argumentaire reste essentiellement celui d’une « bonne œuvre » qui ne peut nuire aux objectifs poursuivis par les patrons. Par la prise en compte des dimensions humaines et sociales, il est même question de les délivrer des soucis contingents. Cela a au moins le mérite de dépasser la simple question de la « force de travail ». D’ailleurs, l’expression « intéresser aux œuvres du service » ne rencontre pas systématiquement une opposition formelle ou une écoute polie mais sceptique. Le paternalisme, autant que le souci d’obtenir une ambiance propice au travail, pousse à des convergences objectives de vue entre certains patrons et le Service 69 .

En prenant en compte cette réalité – qui n’est pas une donne nouvelle 70 – Le SIAE abandonnerait-il la dimension internationale qui était à la base de sa création et de son existence ? Évidemment, non. Dans sa préoccupation, la question de la préservation de l’unité familiale reste un des axes principaux d'action. La rupture provoquée par le voyage migratoire est systématiquement perçue comme subie, porteuse d’irréparables destructions. L’absence, comme la difficulté de transmettre nouvelles et argent, fragilisent la solidarité familiale, voire le sens des responsabilités du chef de famille. Aussi, la possibilité pour le SIAE d’être en lien avec des correspondants dans les pays dont la majorité des migrants sont originaires prend-elle tout son sens. Elle permet de contacter un père qui, loin des siens, se fait oublieux de la prise en charge des membres de sa famille et qui, dans un nouveau contexte, commence une « nouvellevie » ; elle autorise la quête de nouvelles sur l’état de santé d’un parent resté au pays. Le recouvrement de pensions alimentaires et la défense des intérêts féminins et de l’enfance deviennent centraux dans les relations et collaborations avec la Tchécoslovaquie et, surtout, avec la Pologne 71 . Se trouvent alors confortés les buts premiers de l’Association – la protection de la jeune fille, qui s’étend à la protection de la famille et, prioritairement, de la mère et de l’enfant –, ainsi que la nécessaire communication entre plusieurs branches du réseau en vue de maintenir ou de rétablir des liens jugés fondamentaux. Ainsi, la vocation sociale se trouve légitimée, les branches et comités de l’IMS œuvrant dans les domaines de prédilection du philanthropique et du social.

Nous pouvons néanmoins discerner des influences qui, sans modifier substantiellement ce qui vient d’être décrit, apportent des nuances sur la nature et les orientations que le SIAE aura à défendre. Nous avons déjà noté que le Comité de MARSEILLE, à sa création, comptait entre autres participantes trois membres du CNFF. Ce Conseil, créé en 1901, est le fruit du regroupement des éléments du Congrès International de la Condition et des Droits des Femmes – organisation défendant le suffrage féminin et réclamant l’égalité totale des sexes – et ceux du Congrès International des Œuvres et Institutions Féminines à vocation plus nettement philanthropique 72 . À l'origine, huit sections sont créées : Assistance, Hygiène, Éducation, Travail, Suffrage, Sciences Lettres et Art, Paix. En une dizaine d’années, le CNFF passe de 20.000 à 100.000 membres. Le Conseil français devient une des branches du Conseil International des Femmes (CIF) ; ce dernier réunit des conseils déjà créés dans divers pays du monde entier depuis 1888 73 . Le CIF, créé aux États-Unis en 1888, est porteur d’une revendication qui lui semble évidente : l’égalité politique, sésame d’une véritable et totale égalité des sexes dans l’ordre « civil, économique et politique ». Ceci étant, les moyens pour parvenir à cette égalité sont loin d’être radicaux. En effet, il n’est nullement question de s’abandonner à des actions sur un mode jugé violent, voire scandaleux, comme certaines féministes radicales peuvent le faire en manifestant publiquement. L’évidence de la légitimité des aspirations exprimées doit pouvoir, avec la persuasion et la conviction ébranler les obstacles qui se dressent encore. Aussi, le CIF, comme ses conseils nationaux, va privilégier l’argumentation et le travail d’influence auprès des décideurs politiques pour que, dans un mouvement naturel de maturation, le fruit finisse par choir. À des aspirations qui restent, pour le début du XXe siècle, teintées de scandale sont donc offerts des moyens sages et raisonnables. Le préambule de la Constitution du CIF plante un décor qui connaîtra peu de variations et restera le cadre de ce qu’il convient d’appeler le féminisme réformiste :

‘« Les femmes de toutes les nations, croyant sincèrement que le bonheur de l’humanité sera réalisé par une plus grande unité de pensées, de sentiments et de vues, et que l’action régulièrement organisée des femmes sera le moyen le plus favorable d’assurer la prospérité de la Femme et de l’État, nous déclarons nous unir en une fédération de travailleuses ayant pour but de faire pénétrer dans la Société, les mœurs et les lois, les principes de la règle d’or qui dit : Faîtes à autrui ce que vous voudriez qu’on vous fît à vous-mêmes. » 74

Quelle « nouvelle femme » le féminisme réformiste entend-il promouvoir ? Comment discerner, entre le discours résolument consensuel et la revendication qui dérange, les contours d’un « modèle féminin » ? Pour les protagonistes, « La Femme » n’est pas encore advenue et il n’est pas possible d’en dessiner les caractéristiques, même si « les valeurs éternelles » restent sa propriété : l’affectif, l’amour maternel, l’abnégation lui appartiennent à tout jamais. Elle doit cependant conquérir de nouvelles qualités pour s’émanciper. Ce modèle, aux « contours un peu flous d’une femme affranchie issue d’un subtil équilibre entre modernisme et tradition »  75 , est tout en nuance et en souplesse. Le mouvement souligne l'originalité fondamentale qui le caractérise : il est « social et revendicatif », ce qui sous-entend que l’un n’est pas naturellement compatible avec l’autre.

Si la recherche du « juste milieu » n’empêche pas la démonstration d’une certaine ténacité, la primauté donnée au respect des règles et à un certain ordre du monde n’apporte pas les fruits espérés. En 1929, les campagnes menées pour l’obtention du droit de vote des femmes échouent sur le refus du Sénat 76 . Cet échec, s’il ne signifie pas l’arrêt des actions pour l’accès à l’égalité politique, est une épreuve qui brise un bel élan et introduit le doute chez certaines des militantes.

Au plan international, les relations entre le CIF et la SDN se renforcent dès le début des années vingt. Ainsi, lorsque la SDN demande aux grandes associations féminines internationales d’être représentées, c’est la secrétaire générale du CNFF, Mme AVRIL de SAINTE CROIX, qui sera choisie. L’action du CIF à ce niveau porte tant sur l’accès à la culture que sur la protection des femmes au travail. Les organisations féminines sont aussi particulièrement actives dans les actions contre la traite des femmes et des enfants en lien avec la lutte abolitionniste menée en France contre la prostitution 77 . Le choix de la modération et le souci de l’amélioration de la condition féminine par la modification de son statut juridique conduisent à mobiliser des réseaux d’influence auprès d’instances pouvant faire avancer la « cause ». Au premier chef, ces réseaux se développent parmi des hommes politiques, qu'ils soient parlementaires ou ministres. L’appartenance sociale des responsables du Conseil favorise ainsi l’accès aux sphères les plus hautes du pouvoir.

Lucie SABATIER, fille de pasteur 78 , s’engage très tôt dans les combats pour l’égalité des femmes. Née en 1882, elle entreprend des études de droit et devient l’une des premières femmes à obtenir un doctorat. Ses ambitions doivent s’arrêter là car, comme femme, il lui est impossible à l'époque de présenter une agrégation. Mariée très jeune à un diplomate, Élie CHEVALLEY, elle voyage et séjourne au Proche-Orient et, plus particulièrement, en Égypte et au Liban. Là, elle assiste à l’exode et à l’entassement de milliers de réfugiés dans des camps. Elle revient en France en 1920 et milite activement au CNFF. Elle mène un de ses premiers combats, aux côtés de la Présidente du Conseil national, dans la contre-attaque menée en réaction à la loi du 31 Juillet 1920.

Cette loi accroît la répression de l’avortement et interdit tout écrit et discours public contre la natalité. C'est l’obsession nataliste du moment qui a poussé les parlementaires à la voter. Elle sera revue et amendée en mars 1923 79 . Comme la plupart des Français, les organisations féminines et féministes sont plutôt favorables aux thèses populationnistes mais la criminalisation de l’avortement fait réagir nombre de militantes. Parmi elles, Lucie CHEVALLEY qui insiste sur le fait que les « criminelles » en question sont plutôt des victimes de la misère et de la crainte du déshonneur 80 . En lieu et place de punition, elle préconise des mesures permettant « d’éviter le crime » et surtout, si « crime » il y a, d’associer dans cette faute le partenaire masculin. On marque ainsi un souci de prévention et une forme d’égalité dans le partage des responsabilités.

Lorsque Miss HURLBUTT vient à Paris dans la perspective de créer un Comité de l’IMS, c’est tout naturellement qu’elle s’adresse à la Présidente du CNFF. Cette dernière l’incite à rencontrer Lucie CHEVALLEY : n'est-elle pas femme de diplomate, possédant un solide bagage juridique et connue pour un intérêt sans faille pour le droit international ? Elle semble être la personne idéale pour rejoindre le très petit cercle qui préfigure le Comité IMS en France. Appliquer la loi, mais tout faire pour la modifier si elle s’avère injuste ou impitoyable pour les plus faibles, telle est déjà la logique des membres du Comité du SIAE au tout début de sa création. Bien qu’elle n’en prenne pas immédiatement la présidence 81 , Lucie CHEVALLEY assume, dès les premiers temps, des fonctions et des compétences dans des domaines aussi divers que la rédaction des statuts du comité (puis de l’association) et la préparation d’études présentant l’action menée en France. Ces études sont, la plupart du temps, présentées dans le cadre de conférences internationales 82 .

Énergiquement, Lucie CHEVALLEY exprime le souhait que le Comité se dote rapidement de moyens plus efficaces. Pour réaliser ce projet, elle préconise d’ouvrir largement le Comité aux hommes afin d’éviter de le restreindre à une œuvre charitable de plus 83 . Inlassablement, elle sollicite la mise en place d’une commission des Finances afin d’éviter que les réunions ne restent systématiquement cantonnées à la question des subventions et, surtout, de leur rareté. Ces dames sont en difficulté face aux questions d’argent. La plupart d’entre elles jugent « trivial » de s'intéresser à ces détails. À leur décharge, il faut considérer qu’une trésorière n’aurait pas obligatoirement la capacité légale d’effectuer toutes les opérations financières nécessaires. Il faut donc se mettre en quête d’un interlocuteur masculin qui veuille bien se charger de cette délicate question 84 . De même, puisque les moyens habituels de recueil de fonds s’avèrent aléatoires et insuffisants, Lucie CHEVALLEY est la première dès 1925 à songer sérieusement à faire reconnaître l’action du Comité par les pouvoirs publics.

Les liens entre le CNFF et le SIAE sont permanents. La mobilisation de certaines personnalités appartenant aux deux organisations, ainsi que le souci de lier l’amélioration de la condition féminine à celle des migrants amènent Lucie CHEVALLEY à créer une section « Émigration » au sein du CNFF – section qu’elle préside et qui représente un puissant relais pour faire valoir toutes les questions liées à la migration et au statut des étrangers. La première année, cette section entreprend un recensement le plus exhaustif possible des problèmes rencontrés, ainsi que de toutes les œuvres et organisations diverses susceptibles d’être impliquées. Ce dernier point fait partie des préoccupations constantes débattues au sein du Comité SIAE : connaître et coordonner l’action de toutes les œuvres et services capables d’être utiles dans l’aide à apporter. La question de l’organisation et de la coordination est d’ailleurs au programme de la seconde année de travail de cette section du CNFF. Deux interventions sont programmées sur des thèmes tels que « Les Étrangers et l’Assistance Publique » par le Directeur de l’établissement en question, ou encore « Les mineurs étrangers traduits en justice » par un magistrat. D’autres séances sont consacrées à des rencontres avec des services comme le Service social hospitalier, aux prises avec diverses difficultés dans ses contacts avec les malades étrangers, et pour lesquels les séances de cette section du Conseil vont servir de lieu de référence et de débats 85 .

Outre l’action sociale, l’approche juridique permet de dépasser la simple intervention protectrice et maternante que le « social » privilégie trop souvent. La protection des populations les plus faibles – jeunes filles, femmes et enfants – est conduite de front avec la promotion d’un statut et d’un traitement égaux des nationaux et des étrangers en matière de salaires et de protection sociale. Le 26 Novembre 1927, la mise en place de la Commission nationale de coordination des œuvres privées pour la protection des migrants parachève le travail entrepris par la section du CNFF et appuie l’action menée par le SIAE, déclaré comme Association depuis le 25 Mai 1926. L’un des objectifs de cette nouvelle instance est de « transmettre aux autorités les revendications des œuvres » 86 . Nul ne s’étonnera de trouver Lucie CHEVALLEY à la présidence de cette commission de coordination.

Notes
61.

Mesdames THURNAUER,MATTER, WOLFROM, CHOREMI, MALATERRE-SELLIER, PUECH, THUILLIER-LANDRY. Cette dernière est médecin ; elle est aussi la sœur d'Adolphe LANDRY, homme politique influent du moment. Titulaire d'une chaire à l'École Pratique des Hautes Études, il est, à partir de 1910, député puis sénateur de Corse. Il porte un grand intérêt à la situation démographique de la France et nourrit de fortes inquiétudes à l'égard de son évolution. En février 1940, il intègre le Haut Comité de la Population, créé l'année précédente par Édouard DALADIER, et deviendra président de l'Institut National des Études Démographiques (INED).

62.

Archives SSAE, réunions du Comité de Paris 23/06 et 10/11/1925.

63.

Archives SSAE, réunion du comité de Paris du 26/03/1928.

64.

Archives SSAE, réunion du Comité de Paris du 18/12/1924.

65.

«La France reconnaîtra ses devoirs envers les travailleurs qu’elle est obligée de faire venir pour parer à son manque de bras dans certaines industries et dans l’agriculture, plus qu’envers les transmigrants qui souvent restent en France parce que les autres pays rendent leur admission plus difficile ou lente.», Archives SSAE, réunion du comité de Paris, le 10/11/1925.

66.

Archives SSAE, rapport d’activité 1925-1926 : la liste des dons fait état de versements établis par le Comité central des Houillères de France et de la Manufacture Saint-Gobain pour un total de 8.000 francs ; onze donateurs individuels pour un total de 19.050 francs ; deux banques (Banque de France et Crédit Lyonnais) pour un total de 2.250 francs ; enfin, l’Union Générale de Bienfaisance Arménienne a versé pour sa part une somme de 3.000 francs.

67.

Archives SSAE, réunion du Comité de Paris du 21/12/1927.

68.

Ce sont en tout treize employeurs qui seront rencontrés : filatures, usines chimiques, verreries, mines de potasse…

69.

«Après un déjeuner avec Mme GILLET (épouse du régent de la Banque de France), celle-ci veut bien m’emmener à Vaulx-en-Velin où nous visitons la Maison Jeanne d’Arc, home pour jeunes ouvrières étrangères. Créée par les Gillet, admirablement organisée, très bien tenue, claire, bref, donnant envie d’être ouvrière à l’usine ! » (sic). «Visité l’usine de DÉCINE (Société Lyonnaise de Soie Artificielle) sous les auspices de Monsieur MOREL. Charmante cité ouvrière, petits cottages avec jardin, école libre : nous avons traversé une classe de tout petits et sur 60-80 enfants, il n’y avait que trois Français, mais des Arméniens, des Polonais, des Mongoles etc. etc. Quelques-uns de ces petits sont en si piteux état qu’avant la classe l’usine leur donne une tasse de café au lait et du pain. L’usine est grande, moderne, bien aérée.», Archives SSAE, rapport d’Adèle de BLONAY sur la « tournée » auprès des industriels, Octobre-Novembre 1929.

70.

La France a commencé à procéder à une immigration massive dès la fin de la Première Guerre mondiale. Voir, infra, chapitre III, « Un pays meurtri et bouleversé par la Première Guerre mondiale », pp. 91-98.

71.

Ruth LARNED, Op.cit., pp. 18 et 24 ; Archives SSAE, rapports d’activité SIAE.

72.

Jean RABAUT, Histoire des Féminismes Français, Stock, 1978.

73.

États-Unis (pays initiateur), Canada, Allemagne, Suède, Grande-Bretagne, Irlande, Danemark, Pays-Bas, Australie, Nouvelles Galles du Sud, Tasmanie, Nouvelle-Zélande. Source : CNFF, Cinquante années d'activité, 1901-1951, dactylographié, 32 p.

74.

CNFF, Op. cit., p. 12.

75.

Christine BARD, Les Filles de Marianne. Histoire des Féminismes, 1914-1940, Fayard, 1995, pp. 205-206.

76.

La majorité radicale-socialiste motive son refus par la crainte de l'emprise de l'Église et de ses curés sur le futur électorat féminin. La menace d’un vote plus largement conservateur, et donc défavorable à leur camp, incite les politiques à refuser l'accès des femmes aux futurs scrutins.

77.

Christine BARD, Op. cit., pp. 372-382.

78.

Elle est la fille d'Auguste SABATIER, co-fondateur puis doyen de la Faculté de théologie protestante de Paris.

79.

L’avortement devient alors un délit relevant de la correctionnelle et non plus un crime passible des assises.

80.

Cité par C. BARD, ibid., p. 211.

81.

Elle restera vice-présidente jusqu’en 1937.

82.

Les travaux de la branche française portent essentiellement sur la question de la migration des enfants : «Memorandum on children in transit» 1926, préparé pour la Commission consultative de la Protection de l'Enfance de la SDN. C'est essentiellement la migration des enfants polonais qui est étudiée. Lucie CHEVALLEY présentera en 1930 une étude sur les problèmes posés par l'émigration en Europe.

83.

Archives SSAE, Comité du 10/11/1925.

84.

Archives SSAE, Comité du 9/02/1926. Le problème ne sera résolu qu’en 1931 avec la nomination d’un trésorier, Robert d'EICHTAL, oncle d'Adèle de BLONAY. Il est associé-gérant dans une banque. Il finira sa carrière comme président d'honneur de la Caisse d'Épargne et de Prévoyance de Paris.

85.

Archives SSAE, comité du 26/03/1928, rapport de Lucie CHEVALLEY sur les relations entre la section Émigration et le SIAE.

86.

Archives SSAE, Comité du 26/03/1928. BIT, Chronique mensuelle des migrations, Février 1928, p. 61.