Chapitre 2 : Face à la répression, forces et faiblesses des « bonnes volontés »

Dans les premiers mois, voire les premières semaines, du gouvernement de Vichy, un véritable système d'exclusion et de répression s'est mis en place. Face à cette armature solide qui, en désignant « les coupables », recueille au pire l'assentiment au mieux la passivité de la population, certains n'arrêtent pas pour autant un combat engagé dans les années précédentes.

Leur motivation à agir et leur pugnacité viennent d'une certaine lucidité mais aussi d'un réel aveuglement. Lucidité sur le fait que, durant ces premiers mois d'Occupation, si le régime de Vichy exclut, il veut aussi se débarrasser au plus vite des « indésirables ». Ainsi, faciliter l'émigration reste, pendant un temps hélas trop court, un projet qui rassemble les intérêts de chacune des parties. Aveuglement dans la supposée volonté du gouvernement en place d'améliorer la situation de ceux qu'il a délibérément enfermés et affamés ou dans le réel pouvoir de leurs interlocuteurs officiels. Accepter d'agir à partir d'une situation inacceptable, voilà le cruel dilemme dans lequel devront se débattre les œuvres d'assistance, parmi lesquelles le SSAE.