I – Au SSAE : soupçons, arrestations et fermetures.

Ce poids de l'État policier et milicien, les réseaux d'assistance le ressentent au plein cœur de leurs activités. Le danger et son alliée permanente, la peur, font partie du quotidien de beaucoup de services. Ce sont d'abord les équipes de l'UGIF qui succombent les unes après les autres. À LYON, c'est en février 1943 que le siège de l'UGIF, rue Sainte-Catherine, fait l'objet d'une descente de la Gestapo. 86 personnes – bénévoles, salariés et bénéficiaires – sont arrêtées et déportées.

En juin 1943, le souffle du danger se rapproche plus encore avec l'arrestation, dans les locaux de l'Amitié Chrétienne, du Père CHAILLET et de David DONOFF. Depuis les évènements de l'été 1942 au sein du camp de VÉNISSIEUX, l'activité et les responsables de l'organisme d'aide sont placés sous haute surveillance. Certains sont assignés à résidence comme le Pasteur de PURY, d'autres comme l'Abbé GLASBERG se sont prudemment éloignés de LYON, vivant dans une semi-clandestinité. Néanmoins, l'arrestation semble se dénouer pour le mieux. Après les longues vérifications d'usage, les deux responsables sont relâchés. L'alerte est pourtant sérieuse mais, depuis l'invasion de la zone sud par les troupes allemandes, sauvetages et clandestinité s'accélèrent et avec eux les prises de risque. L'Amitié Chrétienne est très impliquée dans l'organisation du passage d'israélites en Suisse. Elle agit au côté de la CIMADE et du SSE 684 . La plus élémentaire prudence souffre de façon intense de la pression créée par l'urgence. Les réseaux subissent des arrestations et les « coups durs » affaiblissent les capacités d'intervention en faveur de demandes toujours plus nombreuses.

Dans cette spirale, les services les mieux armés et les plus « insoupçonnables » viennent à tomber eux aussi.

Notes
684.

René NODOT dans son témoignage, l es Enfants ne partiront pas, indique que la période la plus favorable pour les « passages » correspond à la période durant laquelle ce sont les Italiens qui « gardent » la frontière, c'est-à-dire jusqu'à début septembre 1943. Le SSE se charge de cacher sur place les femmes avec de jeunes enfants et les vieillards très handicapés qui ne peuvent tenter le voyage.