1.1.2.3. le modèle du multisystème d’activation de l’émotion d’Izard (1993).

Dans la théorie différentielle d'Izard, la cognition n'est pas forcément nécessaire à l'activation de l'émotion, même si elle joue un rôle important dans le phénomène émotionnel. Ainsi, il existerait quatre systèmes d'activation de l'émotions qualitativement différents: le système neuronal (appelé processus neuronaux par Izard), le système sensori-moteur, le système émotionnel (ou motivationnel) et le système cognitif (voir Figure 2).

Figure 2. Le modèle multisystème d’activation de l’émotion (Izard, 1993, p.74)
Figure 2. Le modèle multisystème d’activation de l’émotion (Izard, 1993, p.74)

D'après Izard, tout processus d'activation d'émotion nécessite la mise enjeu du système neuronal, ce dernier pouvant à lui seul activer une émotion. Dans ce système, la génération d'émotions s'explique en termes d'activités de certains neurotransmetteurs et de certaines structures cérébrales. Les hormones, les neurotransmetteurs affectent l'émotion directement et les émotions à leur tour affectent les processus cognitifs via les processus neuronaux. Le deuxième niveau, sensori-moteur, est activé par des messages moteurs (efférents) et par des feed-back afférents venant de l'activité musculaire ou des récepteurs cutanés. A ce niveau, des signes extériorisés d'une émotion (expression faciale, posture...) peuvent activer l'émotion. Le système émotionnel (ou motivationnel), le troisième niveau, est défini comme incluant les conduites physiologiques et les émotions de base.

Ainsi, les processus sensoriels impliqués dans un état de conduction comme la douleur, peuvent activer une émotion, mais une émotion peut aussi activer une autre émotion à laquelle elle est liée de façon innée ou associée par l'apprentissage. Enfin, le système cognitif représente le niveau le plus élevé de l'activation de l'émotion. La cognition active l'émotion si l'individu interprète la situation cognitivement, c'est-à-dire, si elle est évaluée, interprétée, comparée à d'autres situations stockées en mémoire. Ainsi, lorsque des processus tels que l'évaluation, la comparaison, la catégorisation, le jugement sont impliqués, la cognition joue un rôle prédominant dans l'activation de l'émotion. Alors que la motivation focalise l'attention du sujet et, de ce fait, influence la cognition et l'action, en retour, les traitements cognitifs induisent la direction de la motivation. Izard suggère alors que l'émotion est motivationnelle car elle focalise l'attention et l'intérêt du sujet si la situation l'interpelle. De ce fait, elle oriente la cognition et l'action.