1.2.1. L’amygdale

L’amygdale est une petite structure située dans la partie antérieure du lobe temporal. Elle a des connexions innombrables avec une grande variété de zones du cerveau. Aujourd’hui, le rôle important dévolu à cette structure, est de signaler la signification émotionnelle du stimulus quelle que soit la modalité sensorielle qui le reçoit (Amaral, Price, Pitkanen, & Carmichael, 1992). Plus précisément, l’amygdale reçoit l’information via deux routes principales (LeDoux, 1993). La première qui est la plus courante passe par les aires corticales. Les informations en provenance des organes sensoriels arrivent au cortex primaire correspondant (visual, olfactif, auditif etc.) via le thalamus. Les signaux sont élaborés dans chacune des parties du cortex, y compris le cortex associatif. Dans celui-ci, les traits plus complexes du stimulus sont analysés et les propriétés globales sont reconnues. Les aires corticales de l’association intermodale permettent à leur tour d’intégrer les relations des différents caractéristiques sensorielles du stimulus. Le résultat de tous ces traitements est acheminé vers l’amygdale et également à l’hippocampe qui communique avec l’amygdale. Les informations reçues permettent à l’amygdale de catégoriser le stimulus comme « désirable » ou « dangereux ». L’information qui vient de l’hippocampe joue aussi parfois un rôle modulateur pour cette catégorisation parce que cette structure donne l’information sur le contexte du stimulus. Par exemple, un méchant serpent dans le jardin et celui sur l’écran d’un téléviseur ne provoquent pas la même réaction.

La deuxième route qui est beaucoup plus courte par rapport à la première, relie direct directement le thalamus et l’amygdale sans médiation des aires corticales. Cette route thalamo-amygdalienne a été largement étudiée dans les recherches de LeDoux (1986, 1996). LeDoux (1989, 1994a, 2000) propose que cette route sub-corticale traite l’information très rapidement grâce aux connexions directes avec un petit nombre de neurones et par conséquent, qu’elle permette une réaction très rapide à un stimulus présentant une menace pour la survie. LeDoux et ses collaborateurs utilisent une méthode de conditionnement classique (association entre stimuli auditifs et réponse de peur) pour montrer l’existence de cette voie. D’après leurs recherches (e.g., 1984b, 1985), une lésion dans le cortex auditif n’est pas capable d’interrompre le conditionnement émotionnel tandis que la destruction de cette route thalamo-amygdalien ne peut le faire. Cette observation implique que cette route sous-corticale très courte est suffisante pour provoquer une réponse comportementale de peur.

Figure 3. Les connexions amygdaliennes après LeDoux (1994)
Figure 3. Les connexions amygdaliennes après LeDoux (1994)

LeDoux (1986) postule que l’expérience subjective de l’émotion résulte de processus conscients qui impliquent un haut niveau de cognition mais que toutes les émotions sont précédées par des processus non conscients qui mettent en jeu les bas niveaux de traitement du stimulus. D’après lui, les processus médiatisés inconsciemment par les systèmes sous-corticaux préparent certains comportements tels que « fight/flight », tandis que les processus conscients et corticaux modifient les réponses sous-corticales en orientant le comportement vers des réponses nuancées et mieux adaptées ou en inhibant les réponses engendrées par les traitement dans les voies sous-corticales, quand ces réponses n’ont pas de valeur adaptative pour l’individu.

Avec l’imagerie fonctionnelle, les études sur les déficits spécifiques provoqués par des lésions amygdaliennes nous apportent un grand nombre d’informations sur les caractéristiques fonctionnelles de l’amygdale. Il semble que l’amygdale aide à détecter l’expression faciale surtout négative. Une lésion bilatérale de l’amygdale affecte la reconnaissance de l’émotion négative, et plus particulièrement l’expression faciale la peur (Adolphs, Tranel, Damasio, & Damasio, 1994, 1995; Broks et al., 1998; Calder et al., 1996; Young et al., 1995). Le résultat de ces travaux sont cohérents avec les résultats de recherches avec l’imagerie cérébrale fonctionnelle chez des individus normaux qui montrent une activation neuronale élevée dans les aires amygdaliennes quand les participants voient une expression faciale de peur (Breiter et al. 1996 ; Morris et al., 1996).