3.1.2. Défense perceptive et évitement du stimulus négatif chez les sujets normaux

3.1.2.1. La défense perceptive

Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de recherches récentes, il existe des données qui montrent l’augmentation du seuil de la perception des informations émotionnellement négatives : c’est le phénomène de la défense perceptive (e.g. Dixon, 1981 ; Kitayama, 1990). Quelques arguments ont été proposés pour interpréter cet effet avec d’autres facteurs que celui de la valence émotionnelle du stimulus. Le rôle de la fréquence du stimulus (e.g. Postman, 1953) et l’effet d’attente du participant (e.g. Freeman, 1954) dans la perception ont d’abord été proposés comme interprétations. Mais nombre d’études avec un contrôle rigoureux de ces facteurs (e.g., Dorfman, Grosberg &Kroecher, 1965; Levy, 1958 ) ont montré la persistance de l’effet de seuil majoré pour le stimulus négatif. Une autre critique très importante est basée sur l’ambiguïté du niveau auquel le biais attentionnel est provoqué (e.g. Erikson, 1963 ; Minard, 1965). Selon cette critique, il est possible que les participants ne veuillent pas rapporter les stimuli négatifs ou menaçants jusqu’à ce qu’ils soient tout à fait sûrs de ce qu’ils perçoivent. C’est-à-dire que le stimulus négatif peut provoquer le biais attentionnel au niveau de la réponse et non à celui de la perception. Mais il y existe des données expérimentales nombreuses qui prouvent que la sensibilité perceptive est influencée par la valence émotionnelle du stimulus (Broadbent & Gregory, 1967 ; Dorfman, 1967). Plus récemment, Kitayama (1990) a discuté le phénomène de la défense perceptive à partir des résultats de neuf expériences. Ces résultats montraient que la sensibilité perceptive était influencée par la négativité du stimulus mais qu’elle était différente selon la fréquence du stimulus et la structure de l’expérience. D’abord, Kitayama (1990) suggère que le seuil perceptif est dépendant de la stratégie du sujet tel que l’expectancy: le seuil pour un stimulus émotionnel attendu est bas tandis que celui pour un stimulus émotionnel inattendu est haut. Ensuite, le traitement de l’information émotionnelle est associé aux processus pré-attentifs. Si le code perceptif est fort, l’information émotionnelle restreint le focus de l’attention subséquente et augmente l’efficacité de l’attention pour traiter ce stimulus. Mais, si le code perceptif est faible, l’information émotionnelle diminue l’efficacité de l’attention et rend possible la capture de l’attention par d’autres processus. Finalement, Kitayama propose le modèle de la sélection tardive de l’attention dans lequel l’attente du sujet peut influencer l’intensité des codes perceptifs qui sont traités pré-attentivement.