6.2.1.3. Discussion

D’abord, en ce qui concerne les résultats obtenus dans la phase d’induction, les participants ont montré un pattern attentionnel différent selon la fréquence d’apparition du visage émotionnel, mais les patterns attentionnels étaient inversés par rapport à nos prédictions. Dans la condition où les visages négatifs apparaissent plus fréquemment, les participants montraient plus de difficulté à ignorer le stimulus négatif et dans la condition où le visage positif était apparu plus fréquemment, ils avaient plus de difficulté à ignorer le stimulus positif (voir Figure 14).

Mais, cet effet d’induction fréquentielle ne durait pas jusqu’à la phase de test. Cela indique que l’effet de fréquence jouait dans l’attention locale plutôt que dans l’attention globale qui serait révélatrice d’une stratégie générale. En outre, dans la phase d’induction, l’effet de fréquence ne progresse pas selon les blocs, depuis le premier bloc, les participants ont montré des temps de réponse plus longs avec le visage négatif qu’avec le visage positif ou neutre dans la phase d’induction où la fréquence des visages négatifs est élevée (voir Tableau 3). Cette tendance indique plutôt un effet de séquence locale (Greenwald & Rosenberg, 1978) ou un effet d’amorçage produit par l’apparition d’un stimulus séquentiellement répétée; c’est-à-dire que le traitement d’un stimulus peut être facilité après que le même type de stimulus ait été traité. Si ce stimulus est un distracteur dans la tâche, il peut entrer en compétition forte avec le traitement de la cible et provoquer plus d’interférence. Quand la fréquence séquentielle diminue, cet effet de facilitation peut disparaître.

Ce résultat va dans le sens de l’hypothèse de Kitayama (1990) dans laquelle l’information négative augmente l’efficacité du traitement si le code perceptif du stimulus émotionnel est fort, mais elle la diminue en laissant l’attention être capturée par d’autres processus si le code perceptif est faible (quant au traitement de l’information positive, les résultat restent ambigus dans notre expérience). Contrairement à l’effet de contexte émotionnel, l’effet de fréquence n’a pas pu provoquer une tendance persistante dans le temps. Tandis que le contexte émotionnel peut affecter le pattern attentionnel à l’égard du stimulus négatif, au moins pour un certain temps, comme dans les résultats de l’expérience 4, la fréquence d’apparition du stimulus négatif semble augmenter seulement l’activation du même type de stimuli présentés dans les essais proches.

Quoi qu’il en soit, la fréquence d’apparition élevée du stimulus négatif n’a pas provoqué l’apparition d’une stratégie de contrôle du traitement du stimulus négatif, bien que les participants aient été conscients de la présentation accrue de visages négatifs lors de la phase d’induction fréquentielle. Bien au contraire, la latence des temps de réponse a augmenté avec le stimulus négatif au lieu d’être inhibée sélectivement. L’augmentation de la fréquence d’apparition des visages négatifs dans la phase d’induction ne permet pas aux participants d’apprendre à inhiber ces stimuli. Par conséquent, l’allocation attentionnelle à l’égard du stimulus négatif semble être insensible à la stratégie de contrôle attentionnel dans cette tâche et la prise de conscience dû à l’apparition fréquente du stimulus négatif ne peut pas créer une tendance réactive durable.