7.3. Discussion générale

D’après les résultats, l’effet de la valence émotionnelle du visage n’était significatif que dans les deux contions de présentation très courts: 30 msec sans masque et 30 msec avec un masque. Comme prévu, les participants avec la présentation de 30 msec sans masque ont montré le biais attentionnel avec le stimulus négatif en allouant plus de ressources attentionnelles au traitement de la cible, par rapport au stimulus neutre ou positif. Dans la condition de 30 msec avec masque, tous les scores de biais attentionnel ont été largement augmentés dans le sens de la facilitation quel que soit la valence émotionnelle. Mais, sauf la grande différence de scores avec le visage neutre, les participants dans cette condition ont aussi montré l’effet de biais attentionnel avec le pattern attentionnel similaire au celui dans la condition de 30 msec sans masque. Enfin, l’effet du stimulus émotionnel a disparu dans la condition de présentation de 60 msec.

Ces résultats sont en faveur de l’hypothèse de l’évaluation automatique de la valence émotionnelle et le traitement automatique du stimulus émotionnel chez les individus normaux (e.g., Mathews et MacLeod, 2002; Mogg et al, 1998 ). C’est-à-dire que le mode d’évitement attentionnel du stimulus négatif est un processus automatique utilisé par « default processing mode » face au stimulus menaçant et non une stratégie dépendante de la demande de la tâche. Sans l’émotion ou le l’existence d’un contexte particulier, les participants inhibent automatiquement le traitement du stimulus négatif (probablement, le stimulus moyennement menaçant) plus que les autres stimulus émotionnel neutre ou positif et cette tendance peut faciliter le traitement cognitif lié à la tâche en cours. Cette tendance semble être plus particulièrement associée à un mode de traitement non conscient ou qui demande peu de ressources attentionnelles. Quand le stimulus est traité au niveau conscient ou à un niveau plus élaboré à course d’un niveau d’input plus important, cette tendance semble disparaître plus facilement.

Cet aspect indique que la différence principale entre le pattern attentionnel à l’égard du stimulus négatif chez les individus dysphoriques comme les patients anxieux et les individus normaux repose sur le traitement du stimulus négatif au niveau précoce ou pré-attentionnel. Il y a nombreux arguments qui tendent à prouver que le traitement pré-attentionnel du stimulus négatif présenté de façon subliminale peut interférer avec le processus de traitement la cible en capturant l’attention, par exemple, chez les individus anxieux. L’expérience de Mogg et al. (1994) montre aussi la différence du pattern attentionnel lié au traitement du stimulus négatif présenté avec un masque et un temps très court (14 msec). Tandis que les individus normaux inhibent automatiquement le stimulus négatif en allouant plus de l’attention au traitement en cours, les individus anxieux allouent les ressources attentionnelles au stimulus négatif dès le niveau très précoce de l’identification et cette tendance peut interférer avec les traitements en cours quel que soit leur niveau de traitement. L’état émotionnel ou l’activation plus importante de l’input du stimulus négatif semblent aussi interrompre le mode d’évitement du stimulus négatif et accélérer le traitement du contenu émotionnel négatif à un niveau ultérieur, même si la durée de leur influence est brève. Dans le traitement du stimulus négatif à un niveau élevé, la différence entre deux groupes peut être supposée de résulter de l’importance de la capture attentionnelle et de la capacité de contrôle.

Quoi qu’il en soit, le pattern d’évitement du stimulus négatif ne semble pas être un processus systématique chez les individus normaux. Au niveau du traitement précoce, ces individus inhibent automatiquement le traitement du stimulus négatif, mais selon la situation ou le contexte, le pattern attentionnel au stimulus négatif peut être dynamiquement changé même si ce n’est pas le contrôle attentionnel qui l’intervient. La différence entre les individus dysphoriques et les individus normaux semble être plutôt sur ce point-là: la faculté de modifier dynamiquement le mode de processus « avoidant » et « vigilant » selon l’environnement versus incapacité ou le dysfonctionnement de ce mécanisme qui est capable de modifier le mode de traitement selon l’état, le trait, ou le contexte émotionnel.