4. Perspectives

D’après Öhman et Mineka (2001), l’organisme doit avoir un système perceptif qui surveille et analyse automatiquement le champ perceptif pour la détection de la menace qui est hors du contrôle attentionnel ou de la conscience. Quand un stimulus menaçant et inattendu est détecté, ce processus périphérique peut interrompre le processus en cours et imposer sa priorité pour le traitement post attentionnel (Öhman, 1979). Cet appel du stimulus « stimulus-driven » pour l’allocation des ressources attentionnelles est associé à l’activation phasique des systèmes organiques (Graham, 1992). Mais un stimulus menaçant hors de l’attention ne peut pas toujours capturer l’attention, il entre en interaction avec les processus guidé par le but de la tâche en cours (Yantis, 1998). Pour une raison de survie, certains stimuli inhérents à l’espèce humaine (e.g., un serpent, une araignée ou un visage méchant) peuvent être sélectionnés par défaut et traités automatiquement par un système de contrôle pré-câblé (Folk et al., 1992). Un tel processus automatique est probablement l’un des bénéfices de l’adaptation évolutive à notre environnement (Öhman, 2001).

Mais, l’automaticité absolue et in conditionnelle des processus, quelles que soient les informations données, peut engendrer de sérieux problèmes pour le fonctionnement des systèmes généraux y compris les systèmes cognitifs. L’évolution n’implique pas seulement la survie et l’adaptation rapide aux dangers, mais aussi une adaptation susceptible de répondre à des besoins hédoniques quels que soient les situations environnementales et les buts de l’organisme. Si le système affectif peut moduler les conditions du déclenchement de ce processus automatique du traitement du stimulus négatif selon la situation, l’organisme peut en tirer plus d’avantages pour le fonctionnement général des systèmes cognitifs et affectifs. De fait, l’organisme peut inhiber automatiquement le traitement du stimulus négatif et faciliter le processus en cours si le seuil et le niveau de l’input du stimulus menaçant ne sont pas suffisants, tandis qu’il peut interrompre le traitement en cours et activer le traitement du stimulus négatif immédiatement, si le seuil et le niveau de menace sont suffisants.

Dans la perspective d’une appréhension plus complète de l’organisation fonctionnelle de ces mécanismes, il conviendrait de faire plus d’expériences avec des variables plus diversifiés. Les études sur les phénomènes du biais attentionnel chez les individus normo-anxieux sont encore rares et il faut davantage de données empiriques pour construire un modèle général. Le rôle du contrôle attentionnel, surtout, doit être plus encore précisément exploré.

Il serait aussi intéressant d’élargir cette étude à une population de patient dysphoriques. Cela seront d’autant plus justifié que les mécanismes que nous avons discutés peuvent ouvrir des perspectives d’applications dans le domaine de procédures thérapeutique. Les modèles développés antérieurement proposent des procédures thérapeutiques et cognitives consistant à amener le patient à identifier ses erreurs cognitives et à augmenter l’effort du contrôle attentionnel sur les stimuli menaçants. Mais selon les mécanismes que nous avons discutés, le contrôle attentionnel n’a pas un rôle prépondérant pour réduire le biais attentionnel. Au terme de cette recherche, ce qui semble se dégager dans une perspective l’application thérapeutique serait probablement de développer la capacité d’adaptation dynamique au contexte vu à la situation émotionnelle et non plus simplement la capacité d’effort attentionnel pour inhiber le stimulus menaçant.