2.2.3. “ La machine à lire ” (Gombert, 1995 ; Gombert et al.,1997)

Une autre modélisation interactive est proposée par Gombert (1995). Celle-ci rend également compte de l’utilisation d’analogie dans l’apprentissage de la lecture. Gombert présente l’apprentissage de la lecture comme l’évolution d’un système de traitement de l’information, d’une “ machine à lire ”. La machine serait composée de quatre processeurs, orthographique, phonologique, sémantique et contextuel. Avant l’apprentissage de la lecture, ce système cognitif est dépourvu du processeur orthographique. Or, l’enfant très tôt traite des stimuli visuels parmi lesquels des signes écrits. Dès lors il faut envisager la présence d’un processeur pictural qui est capable de lecture globale ou logographique des mots. Chez le pré-lecteur, les informations lexicales traitées conjointement par les processeurs pictural, phonologique et sémantique sont mis en relation et aboutissent à la création d’un processeur lexical (fruit d’une spécialisation du processeur pictural ” (Gombert, 1995).

Dans une version ultérieure du modèle, Gombert et al. (1997) présentent les conditions et les caractéristiques du développement des procédures analogiques en lecture de mots. Deux processeurs, visuel et phonologique interviennent. Le premier, en établissant une base de connaissances visuelles, est capable de traiter globalement des mots mais également certaines configurations orthographiques fréquentes. Le second participe à la constitution d’une base de connaissances phonologiques parmi lesquelles la sensibilité à la rime ; ‘“ c’est cette correspondance entre analogies orthographiques et analogies phonologiques que le cognitif utiliserait dans le mécanisme d’auto-apprentissage pour permettre la lecture de certains mots nouveaux, voisins phonologiques et orthographiques des mots connus ”’ (ibid., p.327).

D’après le modèle, conformément aux positions de Goswami (1995), la mise en œuvre précoce des procédures analogiques (souvent implicites) participe également au développement et à la maîtrise du code alphabétique (de nature explicite). Dans un premier temps, l’identification globale des mots est réalisée par une composante du processeur visuel, le processeur pictural. Celui-ci se développe en se spécialisant dans le repérage des régularités orthographiques des mots. Devenu alors processeur lexical, ce composant poursuit le développement de ses représentations lexicales par la maîtrise progressive des unités orthographiques en relation avec des unités phonémiques. Ce traitement hautement spécialisé est dès lors réalisé par le processeur orthographique. Le modèle insiste entre les connexions établies entre les niveaux d’informations traitées par les processeurs visuel et phonologique et la capacité à mettre en œuvre de façon précoce des procédures analogiques.