1.1. Types et degrés de la déficience auditive

Les déficiences auditives se différencient en termes de types et de degrés. Deux grandes catégories de déficiences auditives sont distinguées : les déficiences auditives de transmission et les déficiences auditives de perception. Les premières résultent d’atteintes de l’oreille moyenne (tympan, osselets) ; l’onde sonore ne parvient plus normalement à la cochlée, alors que la fonction neuro-sensorielle est intacte. Ces déficiences sont beaucoup plus souvent acquises que génétiques ; d’autre part, le déficit entraîné ne dépasse pas 50 à 60 dB : le son entendu est plus faible, sans toutefois être distordu. Les secondes résultent habituellement d’atteintes de l’oreille interne (plus rarement, du nerf auditif). Elles correspondent aux déficiences auditives les plus graves (surdité sévère, profonde ou totale). Les pertes auditives vont de 25dB à plus de 130 dB selon les fréquences : les sons entendus sont distordus. Les étiologies de ces déficiences auditives sont diverses et souvent assez mal connues (30% d’origines inconnues en France). Elles peuvent être héréditaires, congénitales (atteintes virales ou traumatismes de la grossesse, prématurité, anoxie, ictères) ou acquises (oreillons, méningites, intoxications médicamenteuses, entre autres à la streptomycine ou à la quinine). Aussi, il n’est pas rare que d’autres handicaps puissent être associés à ces types de surdité.

La classification en usage dans les pays de langue française est la classification audiométrique élaborée par le BIAP (Bureau International d’Audiophonologie). Elle est basée sur l’estimation de la perte auditive moyenne en audiométrie tonale c’est-à-dire sur des sons purs (et non sur des sons naturels, ou sur du langage, etc…). Le calcul de la perte auditive moyenne se fait, en audiométrie tonale, pour les fréquences conversationnelles classiques (adoptées par l’OMS) ; à savoir : 500, 1000, 2000 Hz (et 250 Hz pour les surdités profondes). Toute fréquence non perçue est comptée à 120 dB de perte. On ajoute les valeurs en dB et l’on divise la somme par trois ou quatre selon le type de surdité. Ce calcul s’opère pour chaque oreille séparément, et la déficience auditive est définie à partir de la mesure obtenue pour la meilleure oreille.

La déficience auditive est dite sévère lorsque la perte auditive moyenne est comprise entre 71 à 90 dB. La parole n’est perçue qu’à très forte intensité et de manière altérée. L’appareillage et le traitement orthophonique s’avèrent être indispensables. La présence de restes auditifs permet toutefois un certain contrôle de la voix. En ce qui concerne la déficience auditive dite profonde, trois groupes sont considérés selon le niveau de perte auditive moyenne estimé : légèrement inférieur ou égal à 90 dB (premier groupe); compris entre 91 et 100 dB (deuxième groupe); supérieur à 100 dB (troisième groupe). Les déficients auditifs profonds ne perçoivent quasiment aucune parole ; seules quelques sensations auditives sont perçues et elles ne sont pas facilement différenciées des sensations vibratoires. De plus, elles sont extrêmement chaotiques et difficiles à associer à leur source sonore ce qui peut rendre ces perceptions désagréables (Transler, 1999). C’est pourquoi, la maîtrise de la lecture labiale semble indispensable à ces enfants lorsqu’il s’agit de percevoir et comprendre les messages parlés. Les difficultés de réception et de production de la parole sont d’autant plus prononcées que la perte auditive moyenne est élevée, et le traitement doit être ajusté en conséquence. Dans le cas des déficiences auditives profondes du troisième groupe, l’apport d’informations auditives par les prothèses est faible. Enfin, les surdités totales (cophoses) sont très rares, elles correspondent à une perte totale de l’audition.