2.2. Chez l’enfant

Cet effet d’inférence de la lecture labiale a été observé très tôt dans le développement de l’enfant : chez des enfants entendants d’âge pré-scolaire, de 4 à 6 ans (Massaro, 1987 ; McGurck & MacDonald, 1976) et chez des enfants de 4 mois (Burnham & Dodd, 1996).D’autres études ont également montré que les bébés sont sensibles à la cohérence entre les informations perçues acoustiquement et les mouvements de lèvres. Dodd (1979) a observé que des enfants âgés de 10 à 16 semaines consacrent plus d’attention à la parole lorsque le son et le mouvement des lèvres sont synchronisés que lorsqu’ils sont décalés de 400 ms. Kuhl et Meltzoff (1982) ainsi que McKain, Studdert-Kennedy, Spieker et Stem (1983) ont montré, en utilisant le paradigme de préférence, que des nourrissons âgés de 18 à 20 semaines regardent le visage qui produit le geste correspondant à la voyelle présentée auditivement plutôt qu’un geste qui ne correspond pas (par exemple, s’il entend /a/ et qu’il est face à deux visages filmés, l’un qui produit /a/ et l’autre /i/, il orientera son regard vers le premier plutôt que vers le second).

Les bébés semblent donc avoir, comme les adultes, desreprésentations audio-visuelles de la parole c’est-à-dire qu’à cet âge le lien entre une certaine configuration visuo-articulatoire et le spectre sonore correspondant est déjà présent.Aussi, la lecture labiale s’avère être très précoce et semble être traitée par le système cognitif de façon automatique lors du traitement du langage parlé.