2.3. La médiation phonologique

Au début de l’apprentissage de la lecture, la reconnaissance de mots écrits nécessite le recours à la médiation phonologique (Bosman & de Groot, 1996 ; Sprenger-Charolles & Casalis, 1996; Sprenger-Charolles, Siegel, & Béchennec, 1997) qui se traduit par la mise en œuvre des règles de correspondance graphème-phonème. Cette opération requiert l’extraction des régularités entre unités orthographiques et unités phonologiques qui est possible seulement s’il existe des relations systématiques entre formes phonologiques et formes écrites des mots. D’emblée, la question que l’on se pose est de savoir si les sourds, en dépit de leur handicap auditif, peuvent extraire de telles régularités, indispensables à l’élaboration d’un assembleur phonologique performant ? Et si c’est le cas, dans quelle mesure et avec quel degré de précision ? Quel rôle peut jouer le LPC sur ce traitement sachant qu’il délivre une information spécifiée sous forme syllabique avec une structure phonémique sous jacente ? L’effet de régularité orthographique est généralement utilisé pour étudier la capacité à utiliser un codage phonologique en lecture et en production écrite. La lecture et l’écriture correcte de mots réguliers (« fumée », « oiseau ») peut s’effectuer soit en utilisant les règles de correspondance graphème-phonème, soit en retrouvant leur forme orthographique stockée en mémoire à long terme. En revanche, les mots irréguliers ne peuvent être lus et orthographiés qu’en utilisant des connaissances des formes orthographiques stockées en mémoire ; l’utilisation des connaissances grapho-phonologiques conduirait en effet à des erreurs d’ordre phonologique (« fame » pour « femme », « onion » pour « oignon »). Des performances équivalentes pour les mots réguliers et pour les mots irréguliers relèveraient d’une procédure de type globale, s’appuyant sur les représentations visuo-orthographiques stockées en mémoire chez les sourds et non de l’utilisation d’une procédure d’assemblage phonologique.