I. Présentation générale des participants

Deux groupes de participants, 26 sourds et 16 entendants, ont pris part à cette étude longitudinale. Cette étude longitudinale s’échelonnait sur trois ans, de la troisième maternelle (M3) à la seconde primaire (P2). Les passations ont été effectuées respectivement à la fin de chaque année scolaire (à raison de 12 mois d’intervalle entre chaque passation). Au début de l’étude, tous les enfants étaient identifiés comme prélecteurs. Le groupe de participants sourds était divisé en trois sous-groupes, selon le mode de communication auquel les enfants étaient exposés. Le groupe LPC-maison (LPC-M) incluait 7 enfants sourds (âge moyen : 6 ; 3 ans ; SD : 3,6 mois) exposés au LPC dans un contexte familial depuis une moyenne d’âge de 24 mois, signifiant qu’au moins un de leur parent utilisait régulièrement le LPC avec eux. Tous avaient deux parents entendants. 5 enfants étaient scolarisés dans des écoles normales avec des enfants entendants et présence de codeurs en LPC ; les autres étaient scolarisés dans des écoles spécialisées pour enfants sourds. Le groupe LPC-Ecole (LPC-E) se composait de 7 enfants sourds (âge moyen : 6 ans ; SD : 9,3 mois) qui bénéficiaient du LPC dans un contexte scolaire et de manière inconsistante à la maison depuis l’âge moyen de 52 mois ; tous sauf un avaient deux parents entendants. Le groupe Oral incluait 12 enfants (âge moyen : 6 ; 4 ans ; SD : 7,4 mois) éduqués avec la méthode orale, à la maison comme dans leur école spécialisée pour enfants sourds ou en intégration. Tous sauf deux avaient deux parents entendants. Les enfants sourds ont été recrutés dans différentes villes : en France (Nice, Marseille, Grenoble, Lyon, Clermont-Ferrand, Bourg en Bresse, Paris (stage ALPC)) et en Belgique (Bruxelles, au Centre Comprendre et Parler). Le niveau socio-économique des parents ne nous a pas été transmis. Tous les enfants sourds répondaient aux critères suivants : a) aucun autre trouble associé à la surdité ; et b) perte auditive diagnostiquée avant l’âge de 12 mois. Huit d’entre eux avaient un implant cochléaire et les 18 autres portaient une prothèse auditive. Cinq enfants étaient atteints d’une surdité sévère, avec une perte auditive supérieure à 70 dB et inférieure à 90 dB à la meilleure oreille sur les trois fréquences (0.5, 1, et 2 kHz). Les 21 autres enfants étaient des sourds profonds (perte auditive supérieure à 91 dB). Tous les participants avaient comme langue maternelle le français et étaient éduqués dans une perspective oraliste (mode de communication orale préféré). Le Tableau 1 montre les caractéristiques de la population ainsi que les modifications observées au cours de ces trois années. En effet, des modifications concernant le mode de communication, la situation scolaire et les aides auditives ont été observées pour certains enfants entre la troisième maternelle et la seconde primaire. Dans le groupe Oral, 9 enfants sur 12 ont été exposés au LPC à l’école au début de la première primaire, ce qui signifie que seulement 3 enfants du groupe Oral de notre population sourde n’utilisaient pas le LPC. Cependant, nous avons décidé de considérer à nouveau ces enfants comme des enfants sourds « Oral », parce que tel était leur statut en troisième maternelle. En ce qui concerne la situation scolaire, certains enfants qui étaient intégrés en troisième maternelle ne le sont plus à partir de la première primaire. Finalement, certains enfants qui étaient appareillés en troisième maternelle ont été munis d’un implant cochléaire. L’ensemble de ces critères est à prendre en compte dans nos analyses et conclusions.

Un groupe contrôle de 16 enfants entendants (âge moyen : 6 ;1 ans ; SD : 4,2 mois) faisait également partie de cette étude. Ces quatre groupes ne présentaient pas de différence significative au niveau de l’âge (p>.05).