3.2.5. Discussion

La passation de ce test de perception de la parole avait pour objectif non seulement de vérifier la perception des phonèmes contenus dans des mots mais aussi de tester la capacité à percevoir une suite de phonèmes dont l’enfant ne connaissait pas la signification (pseudo-mots) dans deux modalités différentes (Audition + LL vs Audition + LL + LPC). Les résultats ont montré de manière générale que, les enfants sourds exposés précocement au LPC avaient une meilleure perception des contrastes phonologiques que les autres enfants sourds. Cette distinction a été mise en évidence surtout dans la condition la plus difficile impliquant la reconnaissance de phonèmes dans des pseudo-mots. Pour l’ensemble des groupes : quelle que soit la modalité de présentation, les conditions impliquant la perception de phonèmes dans des mots étaient mieux réussies que celles impliquant une suite de phonèmes sans signification (pseudo-mots) ; l’apport des clés du LPC favorisait significativement la perception des phonèmes dans les mots et les pseudo-mots. Les résultats montraient également que les enfants sourds du groupe Oral ne différaient pas des autres groupes d’enfants sourds exposés au LPC dans les conditions mots. Ceci peut s’expliquer par le fait que les mots présentés ont été choisis en fonction du niveau lexical des enfants ; ces items étaient des mots familiers ; il aurait été intéressant de présenter des mots plus rares (non connus des enfants) afin d’évaluer la capacité respective des différents groupes à s’approprier des mots nouveaux et ainsi élargir leur lexique sans apprentissage systématique. Un résultat surprenant est le fait que contrairement aux enfants sourds Oral, les enfants sourds LPC-E différaient des enfants sourds LPC-M dans toutes les conditions. En dépit du fait que le groupe Oral ait bénéficié de l’apport des clés du LPC plus tardivement (en première primaire) que le groupe LPC-E (avant l’apprentissage de la lecture), les enfants inclus dans ce groupe semblent être plus réceptifs à ce code ; cela ramène à la question de savoir quel(s) facteur(s) est/sont le(s) plus à même de mettre en évidence un effet du code LPC sur la perception de la parole : Facteur « précocité d’exposition au LPC », facteur « intensité de cette exposition », facteur « appropriation du code » ? Pour conclure, ce test renforce l’idée que les sourds peuvent avoir accès à une information phonologique, cependant celle–ci s’avère être incomplète notamment lorsque le message donné ne signifie rien.

Au terme de cette description et compte tenu des données spécifiques que nous avons recueillies pour chaque groupe, nous présenterons dans la partie suivante les résultats observés en fonction de chaque groupe sur les diverses tâches que nous leur avons administrées tout au long de cette étude longitudinale.