2.1.4. Résultats

Nous avons utilisé un test de loi binomiale pour déterminer la probabilité que les participants répondent au hasard. Les résultats montraient que les performances des différents groupes étaient significativement supérieures au niveau du hasard.

2.1.4.1. Analyses sur les réponses correctes

Une première Anova mixte a été réalisée sur les réponses correctes (score composite RCT impliquant les réponses correctes ainsi que les réponses présentant un lien phonologique avec la cible), avec le Groupe comme facteur inter-sujets (Oral, LPC-E, LPC-M, Entendant), le type de Traitement (épi-phonologique versus méta-phonologique), le type d’Unité Linguistique (syllabe versus phonème), et le type de Position de l’unité linguistique (initiale versus finale) comme facteurs intra-sujets.

Cette analyse n’a révélé aucun effet significatif du facteur Position de l’unité linguistique (p=.96) ; les enfants ne détectaient et n’identifiaient pas l’item cible partageant une unité commune initiale plus facilement que l’item cible partageant une unité finale avec le modèle. C’est pourquoi, nous avons calculé de nouveaux scores, en sommant les réponses correctes obtenues dans les positions initiale et finale 2 . Le nombre moyen de réponses correctes (score composite RCT) obtenu par les différents groupes selon les conditions dans les tâches épi-et méta-phonologique est présenté dans le Tableau 12 :

Tableau 12 : Nombre moyen de réponses correctes (score composite RCT) (sur 10) dans les tâches de jugement de similarité phonologique et de détection d’unité commune -entre parenthèse, les écarts types-
  Tâche de jugement de similarité phonologique Tâche de détection
d’unité commune
  Syllabe Phonème Syllabe Phonème

Oral

6.25
(1.36)

6.33
(1.56)

4.25
(2.54)

2.66
(2.23)
LPC-E
5.71
(1.80)
5.14
(1.57)
2.21
(2.20)
2.43
(1.40)
LPC-M
8
(2.16)
8.14
(1.07)
7.5
(2.78)
7.14
(1.86)
Entendant
9.31
(0.95)
6.81
(1.76)
9.04
(1.19)
6.81
(1.87)

Cette nouvelle analyse révélait un effet significatif du facteur Groupe : F(3,38)=23.23 ; p<.01. Une analyse post hoc (HSD n différents, p<.05) réalisée sur les moyennes des différents groupes indiquait que les groupes Entendant (m=8.00) et LPC-M (m=7.70) ne différaient pas significativement entre eux (p=.97) et que ces deux groupes atteignaient un plus haut degré d’efficacité que les deux groupes Oral (m=4.87) et LPC-E (m=3.87) (respectivement, p<.01). Aucune différence significative n’apparaissait entre ces deux derniers groupes (p=.51). Cette analyse indiquait également un effet significatif du type de Traitement : F(1,38)=65.38 ; p<.01 et du type d’Unité Linguistique, F(1,38)=8.96 ; p=<.01. Les enfants réussissaient mieux dans la tâche impliquant un traitement épi-phonologique (m =6.96) que dans la tâche impliquant un traitement méta-phonologique (m=5.26). Leurs performances dans les conditions impliquant une unité syllabique (m=6.54) étaient plus élevées que dans les conditions impliquant une unité phonémique (m=5.68).

Deux interactions doubles étaient observées : Traitement x Groupe : F(3,38)=15.11 ; p<.01 et Unité Linguistique x Groupe : F(3,38)=4.48 ; p=.009. Afin d’analyser ces interactions, d’autres Anovas ont été réalisées. L’analyse de l’interaction Traitement x Groupe révélait un effet significatif du facteur Groupe dans la tâche de jugement de similarité phonologique : F(3,38)=11.12 ; p<.01 ainsi que dans la tâche de détection d’unité commune : F(3,38)=26.96 ; p<.01 ; dans les deux tâches, les enfants sourds LPC-M et entendants montraient des performances plus élevées que celles des autres enfants sourds (Oral et LPC-E) ; aucune différence significative n’était observée entre les groupes LPC-M et Entendant, ni entre les groupes Oral et LPC-E (respectivement, p>.05). Les performances de ces deux derniers groupes étaient significativement plus élevées dans la tâche de jugement de similarité phonologique que dans la tâche de détection d’unité commune (respectivement, p<.01). Ce qui n’était pas le cas pour les groupes LPC-M et Entendant dont les performances de différaient pas significativement entre les deux tâches (p>.05). D’autres analyses effectuées sur l’interaction Unité Linguistique x Groupe révélaient que l’effet du type d’Unité Linguistique était significatif pour le groupe Entendant (p<.01) seulement. Les enfants entendants montraient de meilleures performances pour l’unité syllabique (m=9.20) que pour l’unité phonémique (m=6.81). Quelle que soit la condition (syllabique vs phonémique), les performances des enfants sourds LPC-M et entendants étaient significativement supérieures à celles des autres enfants sourds (Oral et LPC-E) ; et aucune différence significative n’était observée entre les groupes LPC-M et Entendant, ni entre les groupes Oral et LPC-E (respectivement, p>.05).

Une triple interaction entre les facteurs Groupe x Traitement x Unité Linguistique était également observée : F(3,38)=3.68 ; p=.02 ; quel que soit le traitement (épi- vs méta-phonologique), les performances du groupe Entendant dans la condition syllabique étaient significativement plus élevées que dans la condition phonémique (p<.01) ; cette observation est également vraie pour le groupe Oral mais seulement dans la tâche de détection d’unité commune ; aucune différence significative n’était observée dans les autres groupes LPC entre les deux conditions (syllabique vs phonémique) dans les deux tâches (p>.05). Quelle que soit l’unité linguistique, les performances des enfants Oral et LPC-E étaient significativement plus élevées dans la tâche de jugement de similarité phonologique que dans la tâche de détection d’unité commune ; aucune différence significative n’était observée chez les enfants sourds LPC-M et entendants entre les deux tâches (p>.05). Quelle que soit le traitement et l’unité linguistique, les performances des enfants sourds LPC-M et entendants ne différaient pas significativement (p>.05) et étaient plus élevées que celles des groupes Oral et LPC-E. Nous observons seulement dans la tâche de jugement de similarité phonologique (condition phonémique), une absence de différence significative entre les groupes Entendant et Oral. Les groupes Oral et LPC-E ne présentaient pas de différence significative sauf dans la tâche de détection d’unité commune (condition syllabique) où les performances du groupe Oral étaient significativement supérieures à celles du groupe LPC-E.

Notes
2.

Onset et coda sont rassemblées dans le tableau dans la colonne phonème.