3. En seconde primaire (P2) : traitement méta-phonologique

L’année suivante, à la même période, une tâche de détection d’unité commune (expérience 4) et trois tâches de suppression phonémique (expérience 5) étaient administrées aux mêmes enfants. En présentant ces tâches, notre objectif était d’examiner la capacité des enfants sourds à analyser consciemment les mots oraux en leurs constituants phonémiques en fin de seconde primaire.

Compte tenu des faibles résultats relevés, en particulier chez les enfants sourds Oral et LPC-E et des difficultés d’interprétation des données concernant le traitement des différentes unités linguistiques, nous avons proposé à nouveau la tâche de détection d’unité commune administrée en P1 mais en y apportant quelques modifications : comme dans l’étude de Duncan et al. (1997), nous avons utilisé cette fois seulement des paires de mots ; les enfants devaient rapporter l’unité linguistique commune à ces deux items prononcés à l’oral. L’unité commune pouvait être soit une syllabe soit un phonème, placée soit en position initiale soit en position finale.

Les trois tâches de suppression phonémique étaient inspirées des épreuves phonologiques exposées dans « Enseigner la lecture au cycle 2 » (p.58) (Gombert, Colé, Valdois, Goigoux, Mousty, & Fayol, 2000). Dans les trois tâches, l’enfant devait supprimer soit l’attaque de la syllabe (tâche 1), soit le phonème initial au sein d’une attaque de deux consonnes (tâche 2), ou le phonème initial du mot (tâche 3) pour retrouver l’item cible parmi un choix de 4 items (cible, distracteurs phonologiques (x2) et distracteur sémantique (x1)).

Nos hypothèses étaient les suivantes : dans les différentes tâches proposées (expériences 4 et 5), les performances des enfants sourds LPC-M et entendants ne différeront pas entre elles et seront significativement plus élevées que celles des autres enfants sourds (Oral et LPC-E).

Dans la tâche de détection commune, les performances observées dans les conditions impliquant la détection de la syllabe commune ne différeront pas significativement de celles observées dans les conditions impliquant la détection d’un phonème commun. Sous l’effet de l’instruction formelle de la lecture, les enfants devant être capable de décomposer le langage oral en unités phonémiques et syllabiques. Les unités linguistiques placées en position initiale seront plus facilement identifiées que celles placées en position finale, si l’on tient compte du fait que leur extraction peut s’effectuer sans analyse de la structure interne du mot ou de la syllabe. Par ailleurs, l’information délivrée par la lecture labiale est plus consistante sur les débuts de mots que sur les fins de mots (Sterne & Goswami, 2000).

Dans les tâches de suppression phonémique, la tâche impliquant la suppression du phonème initial au sein d’une attaque de deux consonnes (tâche 2) sera plus difficile que les deux autres tâches dans le sens où cette tâche nécessitait davantage une analyse de la structure interne de l’attaque que les autres tâches ; dans les deux autres tâches, l’enfant devait supprimer l’attaque (le groupe consonantique : soit deux consonnes (tâche 1), soit 1 consonne (tâche 3)) du mot alors que dans la tâche 2, l’enfant devait être capable de distinguer les phonèmes consonantiques inclus dans l’attaque du mot.