3.1.5. Discussion

En présentant cette expérience, notre objectif était double : le premier était d’examiner l’évolution des habiletés méta-phonologiques de la première à la seconde primaire, en fonction du mode de communication utilisé par les enfants sourds ; le second était d’observer la nature des unités (syllabe (initiale /finale) versus phonème (initial / final)) traitée chez les enfants sourds. Conformément à notre hypothèse de départ, les résultats ont montré un effet du facteur exposition précoce au LPC sur la capacité à identifier l’unité linguistique commune à deux items ; comme en première primaire, les performances des enfants sourds LPC-M et entendants ne différaient pas significativement et étaient plus élevées que celles des autres enfants sourds (Oral et LPC-E). De plus, aucune différence significative n’était observée entre ces deux derniers groupes. Non compatible avec nos attentes, l’effet du facteur unité linguistique était significatif ; les unités phonémiques étaient mieux identifiées que les unités syllabiques. Il s’est avéré qu’à nouveau, comme en première année, les enfants produisaient une partie de la syllabe seulement (la voyelle ou la consonne) quand le modèle et la cible partageaient une syllabe (e.g., produire l’onset /∫/ ou la voyelle /a/ au lieu de la syllabe /∫a/).Nous avions émis l’hypothèse que cela pouvait provenir du fait que les séries requérant une réponse syllabique étaient présentées au hasard avec celles requérant une réponse phonémique. Or, dans la présente tâche, les séries de chaque condition étaient présentées ensemble avec un exemple avant chaque passation. Les données recueillies en seconde primaire ne vont donc pas dans le sens de notre hypothèse initiale et peuvent alors être expliquées davantage par le fait que les enfants soient plus sensibles aux phonèmes, l’enseignement de la lecture mettant plus l’accent sur ces derniers. Comme attendu, les unités placées en position initiale étaient mieux identifiées que celles placées en position finale pour l’ensemble des participants, confirmant le fait que les débuts de mots sont plus perceptibles que les fins de mots ; il semble que cela soit vrai surtout pour les syllabes finales. Les enfants sourds comme les enfants entendants, ont des difficultés à extraire l’attaque de la syllabe finale ; ils ont tendance à produire seulement la voyelle finale. L’interaction entre les facteurs Unité Linguistique et Position de l’unité spécifiait que les syllabes placées en position initiale étaient mieux identifiées que celles placées en position finale ; aucune différence n’était observée selon la position du phonème ; en position finale, les phonèmes étaient mieux identifiés que les syllabes ; aucune différence n’était observée entre les unités, en position initiale. Il semble donc que l’unité syllabique finale d’un mot de type CVCV soit difficile à extraire comparativement à l’unité syllabique initiale et l’unité phonémique dans un mot de type CVC en position initiale et finale.

Cette tâche impliquait des productions orales ; ce qui a pu affecter les résultats observés. C’est pourquoi, nous avons proposé comme seconde tâche phonologique en P2, une tâche de suppression phonémique où l’enfant devait désigner l’image cible.