3.2.4. Discussion

Comme dans la tâche de détection d’unité commune, la passation de cette expérience avait pour objectif d’examiner la capacité des enfants sourds à analyser de façon consciente les mots oraux en leurs constituants phonémiques. Pour cela, trois tâches de suppression phonémique ont été proposées. Contrairement à nos prédictions, les résultats n’ont pas mis en exergue l’effet du facteur exposition précoce au LPC ; dans l’ensemble des tâches, les performances des deux groupes d’enfants exposés au LPC (Ecole vs Maison) n’étaient pas significativement différentes. Cependant, le fait que seul le groupe LPC-M ne différait pas significativement du groupe Entendant renforce l’idée que l’exposition précoce au LPC contribue davantage au développement d’une habileté méta-phonologique chez les enfants sourds. Ce résultat peut seulement suggérer que le décalage entre les deux groupes LPC se réduit avec le temps. Toutefois, nous restons réservés quant à cette interprétation si l’on considère d’une part, les résultats observés dans la précédente expérience qui montraient une différence significative entre ces deux groupes et d’autre part, l’absence de différence significative entre le groupe LPC-E et le groupe Oral dans les deux expériences.Comme attendu, la tâche impliquant la suppression du phonème initial au sein d’une attaque de deux consonnes (tâche 2) s’est avérée être plus difficile que les deux autres tâches pour l’ensemble des participants. Ceci pouvait s’expliquer par le fait que la réussite à cette tâche requérait la capacité à distinguer les phonèmes consonantiques inclus dans l’attaque du mot alors que la réussite aux autres tâches nécessitait seulement la suppression de l’attaque entière du mot (soit un groupe consonantique, soit le phonème initial). L’analyse descriptive des erreurs commises par les différents groupes pouvait être très instructive dans le sens où elle pouvait renseigner des stratégies adoptées par les différents groupes ; le fait que peu de réponses sémantiques aient été choisies, montrait d’une part, que la consigne avait été comprise par les enfants et d’autre part, que ces derniers avaient utilisé un traitement phonologique pour résoudre les différentes tâches. Cette analyse montrait également que le groupe Oral commettait plus d’erreurs phonologiques suggérant que leur capacité à discriminer les contrastes phonologiques était moins développée que celle des autres enfants sourds exposés au LPC.