3. Discussion (Expériences 6, 7 et 8).

La présentation de ces diverses épreuves en lecture avait pour visée d’une part de tester les compétences en recodage phonologique des enfants sourds éduqués dans un contexte linguistique différent en P1 (Reco2) et en P2 (Reco2bis et Reco3). Et d’autre part, d’étudier leur niveau de lecture à l’aide d’un test de compréhension en lecture (Comp3).

En s’appuyant sur la perspective du double apprentissage de la lecture de Gombert (in press) qui attribue un rôle central aux apprentissages implicites dans l’automatisation de la lecture, nous avions émis l’hypothèse de trois profils de lecteurs pouvant varier en fonction de leur organisation phonologique en mémoire. Les résultats montrent en partie ces profils en P1. Les performances des enfants sourds des groupes Oral et LPC-E sont moins élevées que celles des enfants sourds LPC-M et entendants ; leurs erreurs reflètent le fait qu’ils puissent s’appuyer plus souvent sur une stratégie logographique que de recodage phonologique. Ceci est vrai également pour les enfants sourds LPC-E. Les enfants sourds LPC-M semblent utiliser une procédure de recodage phonologique de façon plus systématique. Leurs performances ne différent pas de celles des enfants entendants. En revanche en P2, les profils évoluent. Nous observons une nette amélioration des performances des groupes Oral et LPC-E dans le test d’identificationde mots écrits (Expérience 6, Reco2bis). Et seule une différence significative est observée entre le groupe Oral et Entendant dans la tâche de recodage phonologique (Expérience 7, Reco3). Ce qui suggère que les enfants sourds Oral et particulièrement les enfants LPC-E peuvent utiliser une stratégie de recodage phonologique quand la tâche la nécessite. Cependant, il semble d’après les performances observées dans le test de compréhension en lecture (expérience 8, Comp3) que cette stratégie ne soit pas automatisée chez ces derniers. Ils diffèrent significativement des enfants sourds LPC-M alors que ces derniers montrent des performances similaires à celles des entendants. Ce qui suggère que l’organisation phonologique en mémoire des enfants sourds LPC-M est satisfaisante pour permettre contrairement aux autres enfants sourds l’installation des automatismes de lecture.