III. Habiletés orthographiques

La même année, une tâche d’orthographe, élaborée par Leybaert et Lechat (2001b) a été proposée dans le but d’évaluer l’utilisation de la médiation phonologique pour écrire et l’étendue du lexique orthographique des enfants sourds de seconde primaire.Dans cette tâche, des transcriptions dominantes et non dominantes de graphèmes inclus dans des mots de niveaux de fréquence différents (haute, moyenne, basse) ont été utilisées. L’orthographe correcte de ces transcriptions peut fournir des informations importantes à propos des procédures utilisées pour orthographier. Orthographier une transcription dominante peut être possible à partir de l’application des règles de correspondances phonème-graphème (règles dominantes) ; en revanche, une représentation orthographique des mots semble nécessaire pour orthographier une transcription non dominante. Comme dans l’étude de Leybaert et Lechat (2001b), ces considérations nous ont amenés à faire l’hypothèse d’une distinction possible entre deux profils d’enfants : d’une part, les enfants qui appliquent les règles de correspondances phonème-graphème et d’autre part, les enfants qui ne les appliquent pas. Dans le premier cas, les observations devraient être les suivantes : 1/ un effet significatif du facteur Dominance graphémique (score plus important pour les graphèmes dominants (GD) que pour les graphèmes non dominants (GND)) ; 2/ un effet significatif du facteur Fréquence des mots (les graphèmes inclus dans des mots de haute fréquence seront mieux orthographiés que ceux inclus dans des mots de basse fréquence) ; 3/ une interaction significative entre les facteurs Dominance graphémique et Fréquence (effet de fréquence moins élevé pour les graphèmes dominants que pour les non dominants). Dans le deuxième cas, les observations devraient être les suivantes : 1/ pas d’effet significatif du facteur Dominance graphémique (score équivalent pour GD et GND) ; 2/ un effet significatif du facteur Fréquence des mots (les graphèmes inclus dans des mots de haute fréquence seront mieux orthographiés que ceux inclus dans des mots de basse fréquence) ; 3/ pas d’interaction significative entre les facteurs Dominance graphémique et Fréquence des mots.

Nos hypothèses étaient les suivantes : (1) Les enfants sourds LPC-M et entendants présenteront le profil 1 ; les erreurs qu’ils devraient commettre seront davantage des erreurs phonologiques adéquates (prononciation identique du mot cible, par exemple : « pin » pour « pain ») que des erreurs phonologiques inadéquates si l’on considère qu’ils possèdent des représentations phonologiques précises et une connaissance des règles de correspondances phonème-graphème. (2) Les enfants sourds Oral et LPC-E présenteront le profil 2 ; ces derniers produiront davantage d’erreurs qui ne respectent pas la phonologie des mots (prononciation différente du mot cible) que les enfants sourds LPC-M et entendants, si l’on considère que leurs représentations phonologiques sont incomplètes.