2.1. Sur les habiletés de recodage phonologique (P1) : apport des habiletés phonologiques mesurées en P1

Afin d’examiner le pouvoir prédictif des habiletés phonologiques précoces (M3) sur le recodage phonologique en P1, une analyse de régression hiérarchique a été réalisée. Nous avons pris la mesure obtenue en recodage phonologique en première primaire (P1) comme variable dépendante. Les variables explicatives sont introduites dans un ordre constant : d’abord, l’âge chronologique, puis l’intelligence non verbale (cubes de kohs) suivies du score composite z obtenu en 3ème maternelle (HP1) puis soit du score z (JS2) ou du score z (TDUC2) mesurés en première primaire (P1). Nous souhaitons examiner dans quelle mesure ces deux scores peuvent augmenter le pourcentage de variance expliquée, une fois que la variance liée aux autres mesures a été contrôlée. Les résultats de cette série de régressions sur les deux échantillons (entendant et sourd) sont présentés dans le Tableau 27 :

Tableau 27 : Résultats des régressions multiples sur les deux échantillons (Entendant et Sourd). Variable dépendante : mesure de recodage phonologique en première primaire (Reco2); prédicteurs : 1/ score composite Z des habiletés phonologiques en troisième maternelle (HP1); 2/ soit le score z obtenu dans la tâche de jugement de similarité phonologique en première primaire (JS2), soit le score z obtenu dans la tâche de détection d’unité commune la même année (TDUC2).
  Enfants sourds (n=26)   Enfants entendants (n=16)
Prédicteur r2 r2 p   r2 r2 p
1. AgeC -   ns   .035   ns
2. Kohs .102 .102 ns   .249 .214 ns
3. HP1 .360 .258 <.01   .711 .462 .001
4. JS2 .567 .207 <.01 .746 .035 ns
               
4. TDUC2 .659 .299 <.001 .722 .011 ns

L’examen de ces données confirme en partie celles observées précédemment dans les analyses de corrélation. En effet, il montre clairement que le score observé en recodage phonologique à la fin de la première primaire est significativement prédit par les habiletés phonologiques mesurées en troisième maternelle (HP1), à la fois chez les enfants entendants et sourds (respectivement, 25.8% et 46.2% de variance expliquée) et ce, après avoir contrôlé l’effet de l’âge chronologique et du niveau d’intelligence non verbale. Ce résultat revêt une grande importance car il suggère que les sourds suivent un développement similaire à celui des entendants. Il apparaît toutefois et contrairement à ce que nous avions observé dans les analyses de corrélation que chez les enfants sourds seulement, les habiletés phonologiques mesurées en première primaire (JS2 et TDUC2) expliquent une part de la variance du score de recodage phonologique mesuré la même année. Chez les entendants, le gain de pouvoir explicatif de ces variables n’est pas significatif. Les habiletés phonologiques mesurées en M3 expliquent presque la totalité de la variance du recodage phonologique chez les enfants entendants, ne laissant ainsi plus de place aux autres variables.