2.2. Discussion

Au terme de ces analyses, il apparaît que le niveau d’intelligibilité de la parole peut être un fort prédicteur des habiletés phonologiques et de l’apprentissage du code écrit tout comme le fait d’être intégré dans une école ordinaire et non spécialisée. L’apport de l’implant cochléaire tout comme celui du niveau de perception de la parole n’est significatif que lorsque la variable à expliquer est le niveau d’habiletés phonologiques. Ces variables n’expliquent aucune part de la variance des autres modèles exposés. Il est compréhensible que ces variables puissent être prédictrices du développement des habiletés phonologiques dans le sens où d’une part la capacité à percevoir les différents contrastes de la langue orale est essentielle pour le développement de représentations phonologiques précises et d’autre part que l’apport de l’implant cochléaire permet une amélioration des restes auditifs. Comment expliquer que celles-ci n’apportent aucune explication dans les autres modèles ? Simplement, en suggérant que les variables « niveau d’intelligibilité de la parole » et « intégration » sont de meilleurs prédicteurs que ces dernières. Cette explication est un peu triviale dans le sens où selon nous, une bonne perception de la parole est tout autant sinon plus importante que le niveau d’intelligibilité de la parole. En effet, il a été montré que les enfants sourds exposés précocement au LPC développaient de bonnes représentations phonologiques mais ce n’est pas pour autant que ceux-ci avaient un meilleur niveau d’intelligibilité de la parole que les autres enfants sourds. Ces variables pourraient donc être complémentaires. Les enfants sourds ne bénéficiant pas d’une entrée phonologique adéquate mais pouvant développer une parole intelligible à travers les exercices de rééducation de la parole pourraient tirer un bénéfice de ces exercices. Nous ne pouvons confirmer ces suggestions étant donné que nos analyses ne nous ont pas permis d’observer les différences selon l’entrée phonologique à laquelle les enfants sourds ont été exposés. En ce qui concerne la variable « implant cochléaire », compte tenu du fait que nous nous adressons à de jeunes enfants et dont l’apport de l’implant cochléaire est récent, nous pourrions émettre l’hypothèse que l’apport de l’implant cochléaire sur le développement des habiletés phonologiques s’est effectué mais que les résultats de ce développement se feront ressentir plus tardivement sur les habiletés en lecture et en écriture.