f - LA NOTION DE TENTATIVE DE SUICIDE

Nous ne songeons aucunement à nier qu’à un premier niveau, un niveau manifeste tout au moins, toute tentative de suicide, de la plus bénigne à la plus grave, renferme une attaque de l’autoconservation qui peut être considérée comme un signe inquiétant pour l’organisation psychique de l’adolescente. Il est bien évident que cette dimension existe, et ne doit pas être oubliée dans l’abord clinique en tant que témoignant d’une souffrance morale et de beaucoup d’anxiété, cette dernière liée à la menace létale toujours bien réelle dans les gestes auto-agressifs.

Cependant, la conception du suicide « appel à l’aide » est une conception assez largement partagée par les praticiens qui travaillent en direction des adolescent(e)s suicidant(e)s, A. HAIM (1969), F. DAVIDSON & M. CHOQUET (1982), F. LADAME (1981), J-J. RASSIAL (1990). Nous utiliserons ce point de vue en le dépassant. La tentative de suicide est non seulement un appel, ou une demande d’amour et de reconnaissance, mais aussi la mise en place d’un processus de rupture, lequel nous semble s’inscrire généralement hors d’une linéarité univoque. A. HAIM, à propos de l’adolescence, souligne que « la même conduite peut apparemment être en même temps régrédiante et progrédiante, ce qui prend l’allure d’un appauvrissement peut avoir un effet structurant. » [1969, p216] Ce propos nous semble particulièrement adapté aux attitudes suicidantes.