d - LA METAPSYCHOLOGIE COMME CADRE DE REFERENCE

Il reste, avant d’aborder la présentation de notre dispositif de travail et de recherche, à justifier l’application faite dans cette recherche de la théorie analytique à un cadre pratique qui n’est pas celui de la psychanalyse. Et nous devons rappeler que si demande de placement il y a, elle ne correspond que très imparfaitement à une autre demande, qui serait celle de consulter un praticien de la psychologie pour énoncer une souffrance.

Il n’est donc question pour nous que de méthode clinique, « … relever aussi fidèlement que possible les manières d’être et de réagir d’un être humain concret et complet aux prises avec une situation, chercher à en établir le sens, la structure et la genèse, déceler les conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits… » [D. LAGACHE, 1949, p32], et pas de méthode psychanalytique qui impliquerait entre autres l’association libre et un matériel onirique, un registre de parole et d’écoute particulier, et, bien évidemment, une absence de contrainte institutionnelle.

L’usage de la théorie psychanalytique se justifie ici par les possibilités qu’elle nous donne d’organiser entre eux les objets de notre écoute et de notre observation, et de penser que quelque chose d’inconscient régit les conduites de ces adolescentes et de leurs entourages. Les concepts de la métapsychologie freudienne nous ont principalement permis de comprendre comment la pulsion - et l’on sait combien la puberté et l’adolescence mettent en avant ce fait, y compris dans l’environnement familial - convoque des attitudes psychiques et comportementales particulières. De la même manière, nous avons parfois utilisé dans cette recherche le fait que leurs mouvements libidinaux et agressifs amènent ces jeunes à réaliser la dimension d’un transfert sur un interlocuteur adulte, dans une situation d’entretien qui actualise ainsi des conflits internes et externes assez importants.

Bien sûr la théorie nous donne des références qui préexistent à nos observations, « … encore que tout dépende du fait qu’elles ne soient pas choisies arbitrairement mais déterminées par leurs importantes relations aux matériaux empiriques. » [FREUD, 1915, p12] Au vu des processus psychiques que nous souhaitons évoquer, la métapsychologie nous a donc semblé la théorie la plus adaptée.