1 - 3 - 6 - La féminité

a - PREALABLE

Les adolescentes qui constituent la clinique de notre recherche semblent battues parce qu’elles sont des filles. Et les prétextes ne manquent pas pour interdire et corriger : de sortir, de parler avec des garçons, de s’habiller "comme ça"… Au-delà des risques sexuellement connotés, la nécessité à l’adolescence de rentrer dans de supposées caractéristiques de la féminité est tout aussi présente dans ces injonctions familiales en direction des filles : s’occuper de la maison, ne pas répondre à son père et à ses frères, oublier l’ambition professionnelle. Rares sont les adolescentes que je rencontre qui ont accepté ces directives, ayant préféré quitter la maison.

La quasi-totalité de ces adolescentes témoignent en outre de l’injustice de cette situation, lorsqu’elles observent que leurs frères de tous âges ne sont l’objet d’aucune de ces contraintes. Ceux-ci peuvent sortir, fumer, obtiennent de l’argent sans difficulté, fréquentent qui ils souhaitent et font la loi à la maison sans beaucoup de réactions de la part des parents.

Ainsi se spécifient l’iniquité et la violence familiales : c’est la féminité qui ferait problème. D’ailleurs beaucoup d’adolescentes ayant à subir cette violence physique verbalisent que leur féminité naissante est à l’origine de ces attitudes agressives. Et, comme autant de confirmations, insultes à caractère sexuel, promesses d’un avenir de prostitution et accusations de comportements licencieux viennent très généralement connoter les coups de cette caractéristique sexuelle.