e - FREUD ET LA NOTION DE FEMINITE

Que l’adolescente fasse la découverte de son vagin ou qu’elle n’en fasse que la redécouverte, l’apparition du flux menstruel signe en tout premier lieu une capacité nouvelle de procréation qui donne à la cavité vaginale des caractéristiques inédites, pouvant se représenter dans des fantasmes de contention (du pénis masculin, du bébé…) projetés sur un espace interne potentiellement structuré de désir et de créativité.

FREUD écrit que le vagin « n’est pour ainsi dire pas présent pendant de nombreuses années ; peut-être ne commence-t-il à produire des sensations qu’à la puberté » [1931, p141], considérant que l’organisation sexuelle de la filleest d’abord phallique. Pour H. DEUTSCH, celle-ci est si peu clitoridienne qu’elle peut être considérée comme «  « dépourvue d’organe » au cours de sa phase phallique » [1945a, p197]. D’ailleurs il apparaît clairement pour FREUD que la fillette organise sa psychosexualité autour du clitoris, « qui constitue la zone érogène prépondérante. Mais cet état n’est pas stationnaire : à mesure que se forme la féminité, le clitoris doit céder tout ou partie de sa sensibilité et par là de son importance, au vagin. » [1933, p155] Pour FREUD, c’est à l’adolescence que ce dernier prend toute son influence, la puberté étant « caractérisée chez la jeune fille par une nouvelle vague de refoulement, qui atteint particulièrement la sexualité clitoridienne. » [1905a, p130] Toutefois pas d’installation d’une féminité totalement tournée vers la réceptivité pour FREUD, puisque, organisation sexuelle phallique oblige, l’épanouissement de la féminité « reste exposé à la perturbation résultant des séquelles de la période masculine antérieure. (…)ce que nous, hommes, appelons « l’énigme de la femme » dérive peut-être de cette expression de la bisexualité dans la vie féminine. » [1933, pp175-176]

La féminité se marque alors pour FREUD d’une « envie du pénis ». « Dans les cas les plus favorables, cette convoitise ne peut être réprimée sans le déploiement d’un grand effort psychique. » [op. cit., p164] Toutefois, au titre des conséquences directes et insuffisamment réprimées du « penisneid », l’envie de réussir intellectuellement ou la jalousie constituent pour FREUD des traits de caractères typiquement féminins, ainsi que le désir d’enfant comme équivalent symbolique de cette envie du pénis.