q - UNE FEMINITE EN DEUX TEMPS

Notre réflexion sur la féminité touche ici à sa fin, et nous avancerons ici un résumé qui nous permettra de problématiser une double modalité pour cette féminité.

La toute petite fille est amenée à éprouver une intériorité vaginale, que l’intervention de la mère, calquée sur d’autres injonctions de fermeture, l’amène à refouler dans ses représentations à peine naissantes. Cet objectif anti-pulsionnel ramène la fillette au lien d’homosexualité primaire (identité de genre) et interdit l’accès à une réceptivité féminine, la ramenant à une forme de féminité-intériorité, principalement référée à la mère.

La crise œdipienne est ensuite l’occasion d’une revendication phallique qui témoigne du travail de séparation d’avec l’objet maternel, et d’une contestation de ce lien d’identification exclusif, avec les conséquences de désordre narcissique qui s’ensuivent. Une féminité-réceptivité apparaît ici, amenant la fille à introjecter la différence que la mère instruit dans la rencontre avec le père. C’est d’ailleurs la différence des sexes qui constitue le support fantasmatique d’un travail de symbolisation de la réceptivité, laquelle ne nous semble pas assimilable à l’intériorité, celle-ci vue comme un espace de créativité.

L’adolescente, aux prises avec la réactivation pulsionnelle pubertaire, doit réinterroger l’alliance première pour y trouver un modèle de féminité, en même temps que la mère entend généralement qu’un accompagnement à cette réouverture vaginale s’impose, parallèlement à une lecture anale plus ou moins autonomisante de ce fonctionnement génital. Ici, la seconde modalité homosexuelle que nous avons évoquée se renforce, dans un contexte de différenciation narcissique.

C’est d’une fantasmatique portant sur la pénétration et dont il s’agit ensuite pour l’adolescente, qui découvre en elle, d’abord comme un objet étranger, une pulsion qu’elle doit s’approprier, dans une activité symbolisante qui ouvre à la représentation d’un soi maternant. Cette introjection pulsionnelle se présente comme un travail psychique d’intégration de ces divers éléments représentatifs et réels - le vagin, la grossesse, les règles, l’orgasme, la pénétration, une fantasmatique du pénis - constitutifs d’une identité féminine « complète ».