a - SITUATION D’ORIGINE

Naïma est âgée de 17 ans et demi lorsqu’elle est hébergée dans le service à la suite d’une demande de placement formulée à un Juge pour enfants. Les raisons de cette demande sont un climat familial constamment tendu et la violence physique que ses deux frères de dix-huit et seize ans exercent sur elle. Cette jeune fille est la deuxième de sa fratrie ; la dernière-née a treize ans.

Au moment de l’accueil de Naïma, son frère aîné Sofiane était sorti trois mois auparavant d’une incarcération préventive de quelques semaines pour exhibitionnisme et agressions à l’extérieur de la famille. Kamel, le plus jeune des garçons, avait été renvoyé du collège pour des difficultés de comportement et attendait son prochain jugement pour vols.

Naïma est née en France. Les parents sont tous deux originaires du Maghreb, le père est de nationalité algérienne, la mère tunisienne. Le père de Naïma est mécanicien dans un garage.

La famille réside dans la région lyonnaise. A la rentrée scolaire précédente, Naïma est venue préparer un bac technologique spécifique à un établissement stéphanois. Elle est donc interne depuis quelques mois (l’hébergement dans notre structure a lieu dans le courant du mois de février), et c’est pour maintenir cette scolarité que son placement, ordonné par un juge lyonnais, se réalise à Saint-Etienne.

Cette jeune fille entretient de bonnes relations avec une tante maternelle habitant à Lyon. C’est chez celle-ci que, pour ne pas rentrer dans sa famille, cette jeune fille s’est réfugiée deux week-ends consécutifs avant sa demande de placement ; c’est cette même personne qui l’a accompagnée chez l’assistante sociale. Bien sûr, ceci sera interprété par le père comme une alliance contre le cercle familial, ce qui occasionnera une brouille, et renforcera encore le lien entre Naïma et sa tante. Ajoutons que l’histoire de celle-ci est en quelques points semblable à celle de sa nièce, notamment par son opposition à un milieu familial violent.

Le signalement émanant de l’assistante sociale révèle que vers seize ans, Naïma a fait trois tentatives de suicide par absorptions médicamenteuses en huit mois. S’est ouvert ensuite un délai d’un an entre l’ultime prise toxique et sa demande au Magistrat, période marquée par une agression physique de Naïma sur sa mère.