c - UN DESACCORD PARENTAL

Q - Et vous Madame, qu’est-ce que vous en pensez de la situation de votre fille ?

Madame - C’est vrai que c’est difficile à la maison. Se faire taper, je crois qu’elle sait plus où elle en est. Je la défends pas, hein ? Mais si ça continue comme ça, moi aussi je partirai…

Ainsi en cette fin d’entretien cette mère se déclare explicitement favorable au départ de sa fille en raison des coups des garçons. J’observe d’ailleurs qu’elle n’a pas évoqué spontanément les difficultés relationnelles qui les ont opposées toutes deux. Ce qui pourrait être pris ici comme une annulation me semble pouvoir être interprété comme une manière de renforcer sa préoccupation pour Naïma afin d’exprimer son insatisfaction personnelle.

M. - Mais non ! Ça va s’arranger, tu vas voir… Sofiane, il a compris. J’ai parlé avec lui. Il va se tenir tranquille maintenant.

Mme - Je peux rien faire, quand il rentre, si je lui dis quelque chose, qui sait comment il réagira ? Toi ça te fait rien, t’es jamais là de la journée.

M. - Mais je t’ai dit déjà ! S’il y a un problème, tu appelles la police, c’est la solution…

Après avoir haussé les épaules, la mère de Naïma introduit un temps de silence, finalement rompu par son mari :

M. - Tu verras, quand elle rentrera, ça ira mieux. [Puis se tournant vers nous alors que des larmes commencent à apparaître aux yeux de son épouse] Elle lui manque, vous savez. C’est sa grande fille… Enfin elle me manque à moi aussi, et à tout le monde…

Q - Et vous madame, vous arriviez à parler avec Naïma, de ses problèmes, pour trouver des solutions ?

Mme - Oh plus tellement ! Avec moi, ces derniers temps, c’était difficile. Des fois même, elle m’a insultée… bousculée. Alors peut-être c’est mieux pour elle qu’elle aille dans un endroit plus calme, peut-être hein ! Si elle veut…

M. - Il faut essayer encore, je crois. Surtout qu’on puisse en parler avec elle…

Q - Monsieur, qu’est-ce qui aurait changé et qui ferait que ça pourrait marcher maintenant ? C’est que les problèmes, j’ai l’impression que ça fait longtemps qu’ils sont comme ça !

M. - Je vais leur parler. Au grand, à Naïma… C’est plus pareil maintenant, avec tout ce qui s’est passé, ils vont comprendre, c’est sûr. Mais je les avertis, hein ? Si ça recommence, c’est dehors !