b - L’APPARITION DU TIERS

Q - Disons que votre père cherche à arranger tout le monde à la fois, et que vous êtes moins d’accord qu’avant pour supporter ce qu’il vous demande…

- Ouais, ben je vais lui faire voir que j’ai changé, moi, et que tout ça c’est fini. J’ai plus douze ans, moi ! Ah il veut que je rentre chez moi, mon père… il est ennuyé maintenant... j’ai dit non, chacun son tour ! Oh mais qu’est-ce qu’ils croient ? Que j’allais me laisser faire encore longtemps ? Ils y croyaient pas, que j’irais me plaindre, j’ai dit non ! D’abord ils sont tous fous là-bas, je veux plus y aller. Samedi prochain, il faudrait que j’aille récupérer le reste de mes affaires. J’irai l’après-midi, les éducs ils m’ont dit qu’ils pourraient m’accompagner, mes frères y seront sûrement pas. Si ils me touchent, je les préviens au Juge !

Notons l’utilisation du tiers (les éducateurs, le Juge) là où le père manquait auparavant à remplir sa fonction. Cela me semble au cours de l’entretien traduire l’ambivalence de Naïma à occuper dès lors ce mouvement de séparation, ce qui me conduit à en renforcer la légitimité :

Q - De toute façon, tout le monde a bien compris que vous en aviez marre de ce qui se passe à la maison, d’être tapée, tout ça… C’est votre sentiment à vous qui change les choses.

- Oui, j’ai eu l’impression que ma mère, elle me regardait pas pareil qu’avant. Mais bon, elle, je sais même pas ce qu’elle pense…

Puis Naïma reste pensive plusieurs minutes, et mon idée est alors qu’elle cherche quoi dire de cette relation avec sa mère, nouvellement qualifiée par l’entrée de Naïma dans un régime d’opposition au père.