Selma : "La personne que je hais le plus au monde"
Selma, âgée de presque 17 ans, se présente spontanément au palais de justice sur les conseils d’une assistante sociale scolaire pour solliciter une aide de la part d’un Magistrat pour enfants. Cette adolescente se plaint d’être injuriée et régulièrement frappée par son père, et aussi de souffrir de la mésentente parentale. Elle est alors reçue par les éducateurs du SEAT 27 , qui proposent à la Juge de décider l’intervention d’un travailleur social au domicile pour évaluer la situation.
Lors de sa rencontre avec Selma et ses parents quelques jours plus tard, le Magistrat décide pourtant d’un placement immédiat au vu des propos rejetant de ce père pour sa fille, lequel admet d’ailleurs la frapper.
Lorsque Selma est née, ce dernier l’a reconnue puis est parti en Algérie laissant sa femme et sa fille sans ressources. Cette situation a entraîné leurs prises en charge dans une structure d’accueil mère-enfant pendant un an. Confiée ensuite à une famille nourricière durant trois ans, puis à une institution d’enfants, Selma ne vivra réellement aux côtés de son père qu’à partir de ses sept ans, lorsqu’elle est confiée à ses parents avec sa sœur Saliha, âgée de cinq ans.
Après ce retour en famille, déconseillé par l’enquête sociale (mais le père est radicalement opposé à une autre solution…), suivra une période de plusieurs années de violence et de difficultés familiales qui se terminera par le placement de Selma dans notre lieu d’accueil, six mois après une tentative de suicide soigneusement cachée au père par le reste de la famille. La mère, avertie par la sœur de Selma du geste de cette adolescente, avait appelé un médecin qui n’aurait pas imposé l’hospitalisation.
Le père de Selma lui-même n’a pas été élevé par ses parents dans son pays d’origine, mais par une famille amie française de la région stéphanoise.
La mère de cette jeune fille est la benjamine d’une famille connue de la juridiction pour mineurs depuis 1955. Elle a été suivie en AEMO pendant presque toute sa minorité. Désignée par certains spécialistes comme une débile légère, cette mère est au moment de l’accueil de sa fille employée dans un atelier protégé. Depuis qu’elle a fait connaissance du père des deux filles, elle est décrite par le signalement judiciaire « sous la coupe » de ce concubin, se refusant à le quitter même pendant les périodes où il la battait et ne lui donnait que peu d’argent pour la vie de la maison.
Accueillie au mois de juin, Selma termine une première année de CAP de vente dans un lycée professionnel de Saint-Etienne. Ses cours ont lieu à cent mètres environ de notre établissement.
Le "Service Educatif Auprès du Tribunal" accueille les demandeurs puis informe les Juges pour enfants sur les situations des personnes (mineurs, parents ou jeunes majeurs).