c - SCENE DE COUPS ET PERE SEDUCTEUR

Q - Sur le moment vous avez pourtant ressenti que c’était comme une solution…

- Les médicaments je les ai pris après qu’il m’ait tapée. Ça m’avait fait mal au ventre, je me souviens, j’avais mes règles, ça aussi ça me faisait mal au ventre et j’ai pris tous les médicaments pour les règles. Je me rendais pas bien compte, je voulais plus avoir mal, c’est tout.

Q - C’est comme si tout ça était mélangé, dans votre souvenir…

- Ben ouais, hein ! C’est que ça fait mal des coups de chaussure dans le ventre…

Q - …?

- Ben il y avait des chaussures dans l’entrée. Alors il en a pris une et il est venu me cogner avec, mais enragé hein ? J’ai cru qu’il s’arrêterait pas. Comme j’étais allongée sur le canapé à cause du mal au ventre, c’est là qu’il a tapé ! Vous vous rendez compte ! Il tape dans le ventre ! Oh, mais j’avais peur, moi. Comme fou, hein, il était ! J’ai commencé à me tourner et à crier, après il a vu que j’avais eu mal, il est parti en gueulant… C’était pas la première fois qu’il me cognait comme ça. Mais là, j’ai craqué, hein… Après j’ai avalé les médicaments. Quand ma mère est rentrée, je dormais, mais elle a compris à cause des boîtes, Le docteur a dit que ça serait bien d’aller à l’hôpital, mais sans plus. Ma mère a pas voulu, j’avais déjà vomi. Elle a pensé que ça énerverait encore plus mon père quand il allait rentrer.

Selma évoque ce dernier fait en prenant un air consterné, comme si la décision de sa mère la sidérait. Mais je ressens aussi, parce que cette réaction de disqualification tranche avec l’ambivalence affichée auparavant dans l’entretien sur la question d’informer le père par le fait de l’hospitalisation, et aussi parce qu’il ne s’agit que d’une grimace, que ce jugement sur cette attitude maternelle est peut-être là pour détourner le regard des attaques paternelles qui apparaissent bien plus violentes et irresponsables dans le propos de Selma, et sans qu’elle ait eu besoin de les accompagner d’un commentaire muet.

Ici encore apparaît un point commun avec la situation précédente : cette adolescente se représente ses prises de médicaments comme un moyen de faire cesser l’insupportable de la violence physique.