c - UNE TENTATIVE DE POSSESSION DE LA FILLE PAR LE PERE

L’idée de l’empêchement et de la possession est donc le fait principal de nos premières observations. Ce que nous avons défini comme un désir d’emprise du père a sa correspondance dans la représentation de Selma qu’un duo père-fille est une réalité indiscutable à la maison : "Mais ma mère me le dit souvent, quand mon père n’est pas là, c’est moi qui le remplace à la maison. (…) Quand on est ensemble, on se souvient, on est rancuniers, alors ça craque", "C’est lui qui a besoin de moi ! Pour se défouler !","Agnès m’a dit la même chose, presque. T’es envoûtée toi, elle m’a dit. T’arrêtes pas de parler de ton père ! Mais non, hein… ça va aller ! C’est que les coups, je crois que ça m’a marquée… c’est pour ça que j’y pense !" Observons encore dans ces propos une représentation de l’incorporation imagoïque, que cette idée d’envoûtement de Selma par son père illustre de façon exemplaire.

Notons qu’avec son idée d’ensorcellement ("Je vous l’ai dit, elle est ensorcelée ! C’est trop fort pour moi"), la mère de Selma accrédite tout autant ce point de vue sur l’économie relationnelle qui unit père et fille. Que cette personne ait besoin de préciser que la violence physique de son concubin ne s’exprime "pas méchamment", en somme qu’elle ne serait qu’une agressivité, serait à entendre comme une défense contre ce que cette possession violente du corps de Selma implique d’archaïque et de maternel primaire dans ses représentations de ce compagnon, renvoyant à nouveau cette mère à une situation de rivalité.