b - UNE INQUIETUDE BIEN RELATIVE

Et c’est sans doute la même sollicitude qui m’amène à reprendre ce souhait de se rendre dans sa famille, alors qu’elle est placée dans le service dans un souci de protection…

Q - Mais vous pourriez aller chez vous?

- Oh mais j’aurais téléphoné pour savoir si mes frères y étaient… De toute façon j’y serais pas restée longtemps, et puis le dimanche après-midi… ils y sont jamais.

Q - C’est tous vos frères qui vous frappent ?

- Nooooon… Surtout le grand, il se prend pour le chef, lui. Depuis quelques temps, c’est n’importe quoi… Bientôt, il va sortir la hache, lui ! Avec Amin et Akim, c’est des fois. Ça dépend. Mais eux ils ont compris que je me laisserais pas faire, c’est pour ça. C’est moins.

Q - Et vous aimeriez aller chez vous… déjà ?

- Oh mais c’était pour prendre des affaires, je pouvais pas les emmener à l’hôpital, quand même… Mais j’y ai été hier, après le stage. Il n’y avait personne…

Ma question, qui voulait interroger le sens d’une telle visite dans un contexte de danger physique, ne trouve guère de réponse claire ici. Je cherche à formaliser une insécurité suscitée par des frères, laquelle s’exercerait dans certaines conditions, mais pas dans le cas où leur sœur reviendrait prendre des affaires pour vivre dans un foyer… Des représentations sur le dedans-dehors me viennent aussi, autour de cette image d’un appartement vide qui deviendrait rassurant sans que l’inquiétude ne se transpose alors à l’environnement de l’immeuble, d’où j’imagine pourtant les frères observer plus facilement les allers venues de Déhbia que de l’intérieur de la maison.