II - 3 - 6 - Première reproblématisation

a – UNE ABSENCE POUR UNE AUTRE ?

La particularité de la situation de Déhbia est que celle-ci ne centre pas d’emblée ses propos sur la violence familiale. Cette réalité n’apparaît qu’après une sévère critique de la mère ; celle-ci avait pourtant été décrite en premier lieu à travers l’aide qu’elle avait apportée à sa fille.

D’ailleurs Déhbia a d’abord paru ne pas se représenter le danger encouru lors de sa visite au domicile familial. « Aller chercher ses affaires » est l’objectif généralement annoncé par les adolescentes dans ce genre de situation ; bien sûr cette nécessité fonctionnelle est loin de recouvrir les motivations préconscientes ou inconscientes qui guident ces retours ponctuels en famille. Dans cette séquence concernant Déhbia, les affaires en question donnent le sentiment d’être le prétexte à une reprise de contact après son placement. D’ailleurs ces objets personnels ne sont plus évoqués dans la suite de notre rencontre, et c’est de constater l’absence de sa mère qui donne lieu à l’expression de l’agressivité de cette jeune fille, comme si cette absence représentait une plus grande potentialité d’angoisse qu’un nouvel affrontement avec les frères.

Mais cette absence peut aussi symboliser toutes les absences antérieures de cette mère laissant Déhbia aux prises avec des frères menaçants, ou bien l’anxiété d’une séparation d’avec la mère, ou encore représenter l’absence des frères eux-mêmes lors de cette visite vraiment décevante de ce fait. C’est d’ailleurs moi qui prend durant l’entretien l’inquiétude au sujet du risque de confrontation avec ceux-ci.