f - UN AUTRE SENTIMENT DE DOMINATION

Q - On va s’arrêter là pour aujourd’hui. Avant de vous donner un rendez-vous pour la semaine prochaine, qu’est-ce que vous avez pensé de ce premier entretien ?

- Ben c’est bien, quoi… On peut parler… Mais je pensais que vous me parleriez plus de comment vous me voyez, de ce je devrais faire, quoi…

Q - De ce que vous devriez faire… A quel sujet ?

- Ben là où je devrais aller, comme je veux pas retourner chez moi… Et puis est-ce que vous me trouvez normale, si partir c’est ce que je devais faire…Des fois je pense que je suis folle. Est-ce que je suis folle ?

Q - Non je ne crois pas. Je n’avais pas eu cette impression quand je vous avais vu, et aujourd’hui non plus… On y reviendra la prochaine fois, parce qu’aujourd’hui il faudrait qu’on s’arrête. Mais sur le quoi vous dire de là où vous devez aller, on va attendre un peu si vous voulez bien, ça fait seulement quelques jours que vous êtes là. Vous vous sentez pressée ?

- Ben oui, parce qu’ici… euh… c’est pas facile, le règlement, tout ça… Ils nous prennent pour des gamines. On peut rien faire ici… pas sortir comme on veut. Alors j’aimerais bien que ça aille plus vite.

Q - Je comprends. Mais c’est peut-être pas que vous soyez prise pour une gamine. Peut-être qu’on vous demande de réfléchir à votre situation, d’attendre par rapport à vos envies de sortir… Vous pensez peut-être qu’être une adulte c’est sortir, et que si on le fait pas, on est une gamine. Il faut essayer d’en parler avec les gens de l’équipe !

- Ouais ben moi, je me fais toujours engueuler, hein… alors je gueule aussi, c’est forcé.

Puis Seher sort après que je lui ai donné un rendez-vous pour la semaine suivante. Elle sort ainsi sur une tonalité qui va prendre de l’importance, anticipant un déplacement de la dimension conflictuelle de la famille à l’équipe éducative.