d- LA PARTICULARITE D’UNE VIOLENCE MATERNELLE

L’importance de la filiation féminine et de la domination sur les femmes et/ou passant par les femmes nous amène à signaler que le cas de Seher est le premier de notre matériel qui présente une situation d’agressivité maternelle directe. La mère de Seher, elle-même battue lorsqu’elle était jeune, frappe sa fille, et à observer les attitudes de cette jeune fille il s’agit manifestement d’un autre registre que lorsque les comportements maltraitants proviennent des hommes de la maison, ou lorsque les coups sont « seulement » initiés par la mère (cf. Déhbia). F. COUCHARD avance à ce sujet que celle-ci, par une violence contre son enfant, manifeste une particularité que ne présente pas la violence paternelle fut-elle plus brutale, dans la mesure où elle fait alors « … effraction à travers les enveloppes corporelles avec une intention sans doute inconsciente, celle de marquer son désir de réincorporer celui qui, un jour, n’a fait qu’un avec elle. » [1993, p735]

Cette citation redouble la question des difficultés de différenciation entre mère et fille dans cette situation, laquelle alterne ainsi les extrêmes d’un clivage, lequel renvoie soit à la réalité d’une exclusion du domicile, soit à des scènes de réintégration corporelle.

Nous ne devons toutefois pas ignorer que cette conceptualisation paraît contredire l’idée que les coups maternels peuvent, comme dans le cas de Seher, se représenter davantage comme une agressivité que comme une violence. Notons ici que ce « désir de réincorporation », s’il s’exprime par des coups, n’exclut pas le lien libidinal à l’objet et prend ainsi, dans notre perspective de théorisation, valeur d’agressivité, malgré les termes utilisés par F. COUCHARD.