g - L’ABSENCE D’UNE REFERENCE ENTRE OBJETS

Puis un autre élément peut attirer notre attention, dans le fait que l’institution n’entretient aucun lien avec l’objet primaire. A plusieurs moments de nos entretiens était apparue la nécessité pour Seher de cacher à sa famille ses intentions de partir ou sa situation de repli protecteur, à laquelle s’ajoute sa vive réaction à ma proposition que ses parents soient rencontrés dans le service.

Or ne trouvons-nous pas dans ce fait une réalité comparable à celle que nous pouvons précisément supposer comme originaire des problèmes décrits pour Seher ? Reprenons le point de vue de R. ROUSSILLON, que nous avions cité au cours de notre présentation théorique (supra page 64), et qui éclaire assez précisément la forme de cette difficulté : « Que ce soit par le biais d’une référence au père dans la parole et le désir de la mère (…), on s’accorde à penser que la qualification par l’objet maternel de sa référence ou de son désir pour un tiers, permet au sujet de sortir de la spécularité présymbolique et antisymbolique. » [1997, p172] Bien sûr, notre analogie a ses limites, car il ne s’agit pas ici de construire un substitut de couple parental « plus œdipien » dans la réalité, ce qui reviendrait à une approche comportementaliste. Toutefois le travail de représentation occasionné par ces relations entre parents et professionnels peut compter dans les symbolisations attendues chez les jeunes filles, parce qu’il introduit une présence tierce nouvelle dans leur monde familial, historiquement vu comme primaire et non symbolisant. C’est au niveau de la reprise de ces liens relationnels que le travail d’élaboration peut s’opérer ensuite.