e - "J’AVAIS PAS PEUR"

Q - On va bientôt s’arrêter. On peut parler de cet entretien, de la façon dont vous l’avez ressenti, ce que vous en avez pensé…

- Oui, ça va ! Mais j’avais pas peur hein ! Non c’est bien de parler de tout ce qui s’est passé… Mais c’est pour ma mère, je sais pas comment faire…

Q - Vous ne savez pas comment l’aider…

- Ben oui c’est ça… D’un côté ici ils me disent qu’il faut que je pense à moi, construire ailleurs qu’avec mon père, de l’autre ma mère c’est ma mère quoi…

Q - Pour l’instant gardez des contacts avec elle en dehors de chez vous. Les deux choses que vous dites ne sont pas contradictoires.

- Oui, mais après ? Et puis mon père, si ça lui prend, il peut m’empêcher de voir ma mère, lui.

Q - Attendez que ça se passe, si ça se passe, pour être ennuyée par ce que pourrait faire votre père…

Amélie hoche la tête pour toute réponse et sort après avoir écouté les coordonnées du rendez-vous de la semaine suivante.

Cette fin d’entretien est pour moi marquée par l’évocation de sa peur de l’entretien par Amélie, au moins dans ma façon d’entendre sa dénégation de sa crainte de me rencontrer. Après l’avoir vu quitter le bureau, je me mets ainsi à penser aux effets de telles violences paternelles sur une adolescente dans ses représentations de ce que sera une rencontre avec un adulte qu’elle ne connaît pas.