d - LE RISQUE DE LA VIOLENCE SEXUELLE

Dans cette situation, les attitudes paternelles ne sont pas sans lien avec ce que nous pouvons évoquer comme un risque de sévices sexuels. Dans un article sur le lien entre les données judiciaires et médico-psycho-sociales des violences sexuelles intrafamiliales, les auteurs citent dans l’épidémiologie de ces comportements plusieurs caractéristiques se rapportant aussi au cas d’Amélie : « - faible proportion d’adultes inconnus de l’enfant parmi les abuseurs,

Bien sûr cela n’entraîne pas ipso facto que les attitudes du père d’Amélie progressent avec certitude du côté de l’agression sexuelle. Ce que nous voulons dire ici est que cet aspect des choses autorise à qualifier d’incestuel le contexte intersubjectif de cette situation, ce dont la première union conjugale de la mère avec l’oncle d’Amélie témoignait peut-être déjà.

Cette dimension incestuelle apparaît clairement dans les propos qu’Amélie et sa mère tenaient sur la réalité de leur peur : « Dans sa forme mineure, la violence se développe dans un climat de terreur qui caractérise l’incestuel meurtrier (…). » Dans les exemples d’agirs incestuels meurtriers, les auteurs notent ensuite : « Les coups portés aux enfants par les parents : s’ils sont évoqués, ils sont immédiatement banalisés. » [J-P. CAILLOT, A. CHENE, I. MAILLARD, 1997, p161]

Ces éléments conceptuels renforcent notre idée que les attitudes paternelles organisent l’économie familiale sur un modèle pervers, et que la violence physique dont Amélie est l’objet n’est qu’un aspect de cette situation. La tentative d’appropriation dont le corps pubère fait ici l’objet se situe dans un contexte de dé-symbolisation qui passe par la banalisation des coups paternels - ce dont parle J-P. CAILLOT dans sa citation -, l’insulte et l’obscénité - cf. les propos paternels grossiers à caractère sexuel et dénoncés par Amélie au commissariat - et la séduction, comme nous pouvons l’observer dans les attitudes de ce père pour ramener sa fille à la maison.