III - 1 - 4 - Le masochisme ou « les coups plutôt que la perte »

a - L’AUTRE VERSANT DE NOTRE DIFFERENCIATION

Les trois cas que nous venons de traiter sont marqués d’une violence que nous avons originée du côté du père. Cette réalité nous a amené à observer que conjointement au sadisme, la libido œdipienne était à l’origine de l’aménagement masochique de ces trois adolescentes. Le contexte intersubjectif de cette violence paternelle est en outre celui d’un couple parental dans lequel la mère est dominée, qu’elle fasse parfois entendre sa voix (une présence suffisante) ou non.

Qualifiant de « secondaire » la violence du père et l’opposant à « la violence primaire et originaire de la mère, plus archaïque donc… », F. COUCHARD distingue l’une de l’autre par « l’introduction de la génitalité » [1993, p734]. Ceci fait écho à différentes observations et commentaires que nous avons faits dans notre partie clinique, autour des fantasmes consécutifs aux attitudes des pères ou des frères de ces jeunes filles.

Ainsi la violence maternelle se déploierait hors de la secondarité qui donnerait à l’adolescente la possibilité (et non la certitude) de s’appuyer sur un personnage tiers. Ce type de violence projetterait ainsi la fille dans une confrontation spécifique avec sa mère, celle-ci devenant à la fois objet primaire et maltraitant. L’adolescente est alors renvoyée aux difficultés d’affronter le conflit prégénital dans lequel la fille puise habituellement les conditions de sa maturation et de son autonomie : l’emprise maternelle réduirait la fille plus sûrement que l’emprise du père. Et si, rappelant notre citation de FREUD (supra page 78), pour la fille « l’attachement à la mère se transforme en haine » [1933, p159], qu’en est-il de cet affect lorsque la mère est vécue par sa fille comme responsable des coups qu’elle reçoit ?