1. Introduction à la méthodologie

Afin de répondre aux hypothèses et de circonscrire un champ conceptuel et un contexte clinique, j’ai souhaité constituer un échantillon homogène de jeunes adultes âgés de 18 à 21 ans.

Les symptômes des jeunes adultes conservent une certaine réversibilité plus incertaine chez des sujets plus âgés et les théories sur les processus psychiques à l’adolescence servent d’assises à la pensée.

La recherche comporte deux types de recueils de données, complémentaires mais dissociés  auprès du même public : une enquête psychosociologique et un dispositif clinique.

Mon projet de thèse, poursuite et transformation de la recherche de DEA spécifiait deux préceptes, issus de ma pratique professionnelle auprès de groupes :

  1. La rencontre de plusieurs champs disciplinaires tout en veillant à conserver mes héritages épistémologiques,
  2. La constitution d’une équipe de recherche.

1- La rencontre de plusieurs champs disciplinaires en sciences humaines a été induite en partie par les lieux de mes pratiques professionnelles qui m’ont conduites durant de nombreuses années à penser les problématiques sociales et leur répercussions psychiques, au sein de dispositifs d’éducation populaire, d’accompagnement et d’insertion sociale.

La confrontation théorique et clinique avec l’approche de sociologie clinique, telle qu’elle est enseignée et pratiquée au Laboratoire de changement social de l’université Paris VII par Vincent de Gaulejac ainsi que les travaux de Max Pagès sur Psychothérapie et complexité 8 a mobilisé ma pensée et modifié mes démarches praticiennes auprès de personnes ayant peu accès, d’emblée, à un insight qu’elle qu’en soit la raison, souvent d’ailleurs sociale. La précarité attaque l’appareil à penser lorsque le sujet n’a pas eu la possibilité de construire des bases narcissiques solides au cours de l’enfance et de l’adolescence.

Enfin la multiplication des origines et la complexité d’une histoire transgénérationnelle entraînent parfois une butée dans la symbolisation ou a contrario sert de "mémoires vives" au cours des périodes de nécessaires réaménagements psychiques auxquelles le psychologue peut puiser des interprétations à l’aide d’autres approches en sciences humaines, ethnologiques, historiques ou sociologiques.

2- La constitution d’une équipe de recherche guide mon éthique de praticienne auprès de groupes de formation, de prévention ou thérapeutique. Le groupe en situation interpelle d’autres groupes, internes ou imaginaires mais également la réalité d’un groupe d’intervenants ou de soignants, porteur d’une pensée et d’une fantasmatique groupale, d’où le souhait d’un groupe de recherche, groupe représentant, de plus, le socius. Outre le fait de la dynamique créée par la participation des étudiants, le groupe de recherche a été porteur de la contrainte à travailler, la simultanéité des deux types de recueils de données - psychosociologiques et cliniques - et a permis de croiser nos regards sur une même population. Je remercie encore les trois étudiants de maîtrise de psychologie sociale et psychologie clinique de l’université Lyon 2 qui m’ont apporté leur aide, leurs réflexions et leurs points d’achoppements, offrant ainsi de nouvelles ouvertures à l’élaboration.

Deux étudiants de maîtrise de psychologie sociale ont participé consécutivement à une enquête et une étudiante de maîtrise de psychologie clinique a participé le plus souvent aux entretiens et en a mené quelques uns seule. J’en donnerai de plus amples explications au cours du texte lors de discussion sur le cadre et la conservation des sujets.

Notes
8.

1993, Hommes et perspectives.