Comparaison des jeunes placés et des jeunes non placés

40% des jeunes interrogés ont vécu un placement.

Parmi les JNP, 66% déclarent ne pas avoir vécu avec leurs deux parents. Dans l’enquête de M. Choquet et S. Ledoux, 15,8% des parents sont séparés et 3,7% des jeunes ont un parent décédé. Nous sommes loin des 66%. Cela corrobore la thèse qu’un des facteurs sociologiques de risque de délinquance est la séparation parentale et la monoparentalité des familles d’origine. A la question sur une éventuelle séparation du milieu familial pendant l’enfance ou l’adolescence, les réponses sont peu nombreuses et ne sont pas exploitables.

Nous ne retiendrons ici que les résultats signifiants entre ces deux populations dont l’une a fait l’objet de placement et l’autre non. Le deuxième groupe a pu faire l’objet d’un suivi éducatif, nous n’en avons pas connaissance.

Cinq items présentent des différences significatives entre les deux groupes, trois sont descriptifs et deux subjectives.

Les jeunes placés ont interrompu leur scolarité plus précocément que les JNP.

77% des JP n’ont pas achevé le cursus du collège unique, ce qui est le cas de 33% des JNP.

Les JP ont plus souvent été incarcérés que les JNP pendant leur minorité et ont subi plus d’incarcérations.

46% des JP ont été incarcéré en tant que mineur. Seulement 8% des JNP ont subi une incarcération avant leur 18 ans. 46% des JP ont été incarcérés au moins à deux reprises contre seulement 8% des JNP.

L’âge moyen de la première incarcération est inférieur chez les JP .

L’âge moyen de la première incarcération est de 17,5 ans pour les JP et de 18,9 ans pour les JNP. La relation entre la poursuite des études et l’incarcération apparaît encore plus flagrante que sur l’ensemble de l’échantillon. Ces chiffres vont-ils dans le sens d’un politique de maintien en milieu familial, la famille jouant un rôle préventif quant à la délinquance ou les juges statuent-ils plus aisément sur des incarcérations pour des jeunes "sans famille", sans soutien parental ?

46% des JP répondent avoir subi des violences contre seulement 9% des JNP. Y aurait-il une corrélation entre ordonnance de placement et violence subie ? La violence serait-elle alors violence symbolique, violence interprétative ?

Devons-nous chercher du côté de la protection ? La reconnaissance d’une position de victime octroierait-elle l’accès à la subjectivation. Exister en qualité de victime ne serait pas possible pour les JNP.

Les JP sont plus ambivalents quant au score de bonheur

Le score du bonheur de l’enfance est remarquable puisque sur une échelle de 1 à 9, du plus heureux au moins heureux, le score moyen est de 2,7 pour les JNP et de 5,7 pour les JP . Les JNP répondent en majorité avoir eu une enfance heureuse, conserve l’image idéale de l’enfance ; les JP sont plus ambivalents, leur score moyen se situe autour de la moyenne. J’interpréterai cette variante comme une capacité à subjectiver une histoire, contrairement au conformisme du groupe des JNP.

Nous avions souhaité savoir si une différence apparaissait entre les JP et les JNP en ce qui concerne l’adaptation à la vie en détention. Les chiffres ne nous donnent aucun résultat fiable, les JP travaillent plus que les JNP, 26% contre 18% mais nous ne pouvons rien en conclure.

Nous verrons comment la clinique complète l’ensemble de ces observations et analyses.