1.1 Critères de conservation des sujets

Nous décrirons brièvement quatre situations que nous n’avons pas souhaité conserver, puis nous présenterons plus longuement un cas pour lequel nous avons eu quelques hésitations.

Nous étions conscientes des difficultés engendrées par un dispositif long : une série de quatre ou cinq entretiens parfois hebdomadaires mais le plus souvent bimensuels. La population des jeunes adultes est la plus labile en milieu carcéral car sujette à de fréquents transferts sur les centres pénitentiaires périphériques de Lyon mais également le plus souvent condamnée à de "petites peines" d’emprisonnement (quelques mois). Les délits s’avèrent généralement mineurs (vols) et les détenus sont, en majorité primaires. Les récidives ont pour conséquence d’augmenter les peines encourues et affligées.

Lors du choix de la conservation des sujets, de manière à obtenir une certaine homogénéisation du groupe, nous avons gardé tous les détenus ayant au moins réalisé une des deux médiations, en l’occurrence, l’arbre généalogique.

Le groupe conservé est constitué de deux sous–ensembles dont l’un a interrompu les entretiens de recherche en cours, comme nous l’expliquions plus haut, en raison des transferts et des mises en liberté 107 et dans deux cas, Mounir et Malek, par la transformation du dispositif de recherche. Nous avions pensé proposer un travail en groupe autour de la trajectoire spatiale et nous avons dû y renoncer, prenant en compte les aléas institutionnels et constitutionnels d’un groupe en milieu carcéral : adhésion des jeunes à cette proposition, disponibilité temporelle de chacun par la coïncidence des périodes d’incarcération et des temps libres hors des activités pénitentiaires (essentiellement travail et scolarité).

Hormis un cas qui a été longtemps en discussion, et dont nous parlerons plus loin, le seul critère d’engagement dans la recherche par la création d’au moins un médiateur atteste d’une pertinence quant à nos objectifs.

Notes
107.

Les dates de transfert ne sont jamais transmises pour des raisons de sécurité. Dans le cadre du soin, si un maintien aux prisons de Lyon semblait opportun au vu des soins psychiques, nous en informions le juge d’instruction par anticipation ; les dates de libération garde un caractère aléatoire lié aux remises de peine et à l’approbation du juge des mises en liberté et sont différées par d’éventuelles condamnations non exécutées et mises à exécution peu de temps avant la date de sortie prévue.