1.3 Profil du groupe concordant

Nous proposons ici une rapide description des sujets qui seront l’objet de notre analyse.

Quatorze sujets feront l’occasion d’une étude plus ou moins approfondie au cours du texte. Ils donneront lieu à des études comparatives de manière à dégager des déductions théoriques. Cinq n’ont participé qu’à une partie du protocole. L’interruption a été provoquée dans deux cas par un transfert inopiné - Abdel a bénéficié d’un retour dans sa région d’origine et Lamzi a été transféré vers un centre de détention de la périphérie lyonnaise - dans un cas par une remise en liberté et enfin pour deux jeunes par défaut d’un groupe que nous avions envisagé à cette époque et qui n’a pas pu être mis en place.

Je propose de comparer le profil du groupe concordant avec l’échantillon de l’enquête psychosociologique, ceci dans le souci de prélever d’éventuels biais à la recherche.

Sur les quatorze sujets concordants, 5 sont âgés de 18 ans, 3 de 19 ans, 3 de 20 ans, un de 21 ans, un de 22 et un autre de 23 ans. Nous avons conservé les protocoles de René et de Taïr malgré l’âge de ces deux jeunes.

Taïr a participé à la recherche suite à un courrier adressé à une psychologue du service. Lors de notre première rencontre, il a fait part d’une demande "d’expertise" et je lui ai alors proposé les entretiens de recherche.

Quant à René, un bon de réponse nous est parvenu avec son nom et, sans vérifier son inscription sur la liste des 18 – 21 ans, Lucile l’a reçu. Il a alors déclaré être victime d’une duperie : un autre détenu aurait adressé ce courrier à son insu. Lucile n’a d’abord pas cru à ses dires d’autant plus que René a décidé de poursuivre les entretiens… "tant qu’à s’être déplacé…" Peu importe la vérité si ce n’est qu’elle témoigne d’un désir d’être à la place d’un autre. Cette attente par rapport à un double, René la réitérera dans sa relation à son interlocutrice au cours des deux premières rencontres puis avec moi lors de la passation de la trajectoire spatiale. Nous aurons l’occasion d’en reparler.

L’âge moyen est de 20,2 ans lors de l’enquête, il est ici de 19,2 soit un an de moins.

Cinq jeunes ont été placés, les pourcentages (36 % ne présentent pas de différence significative par rapport à l’enquête psychosociologique (40%). Quatre ont été placés dès l’enfance et un à l’entrée dans l’adolescence.

Trois jeunes sont mis en examen dans une affaire criminelle, 19% font l’objet de poursuite criminelle dans l’enquête, ici ils représentent 21% sur les 14 sujets retenus . Les résultats sont similaires.

Le délit prédominant est le vol qui concerne 9 jeunes puis la violence dans deux cas.

Six jeunes sont primaires, et 8 récidivistes cumulant de 2 à 7 incarcérations. Dans l’enquête les primaires sont 77%, ici 42% . Les récidivistes sont largement plus nombreux que dans l’étude psychosociologique.

En conclusion, le profil de notre échantillon se rapproche de celui des participants à l’enquête : le pourcentage de jeunes placés, la répartition crimes et délits est quasiment similaire. En revanche, les jeunes récidivistes sont plus nombreux dans l’échantillon clinique et les participants sont plus jeunes, deux faits qui pourraient être antagonistes. Y aurait-il là un nouveau biais à la recherche : une meilleure connaissance du milieu carcéral et des institutions afférentes, le SMPR, aurait-elles facilité l’engagement dans la démarche proposée ?